Après Crans-Montana, Vail Resorts serait intéressé à racheter Téléverbier

Le groupe américain Vail Resorts pourrait racheter Téléverbier à court terme. Si le propriétaire actuel de la société qui gère les remontées mécaniques de la station valaisanne dément l'information, une lettre anonyme prévient les propriétaires de chalets que l'opération est déjà avancée.

Après avoir annoncé le rachat des remontées mécaniques de Crans-Montana en décembre, Vail Resorts pourrait aussi s'installer sur les pentes de Verbier. La rumeur enfle du côté de la station valaisanne avec la publication du contenu d'une lettre anonyme dans Le Matin Dimanche.

Selon le journal, le propriétaire de Téléverbier Christian Burrus, qui détient avec sa famille plus de 40% du capital, assure n'avoir aucune discussion en cours avec Vail Resorts ou qui que ce soit d'autre pour vendre ses actions.

Mais une lettre anonyme que s‘est aussi procurée la RTS circule dans la station valaisanne. Datée du 20 janvier, elle prévient les propriétaires de chalets de la station d'une opération de rachat de Téléverbier qui pourrait arriver "à très court terme" et appelle les résidents à participer à un éventuel rachat à hauteur de 150 millions de francs.

Des discussions annoncées chez les propriétaires

La lettre anonyme pose la question de savoir si ce rachat de Téléverbier par un groupe américain est opportun. Dans les points positifs, elle cite le fait que Vail Resorts est le plus important exploitant de remontées mécaniques au monde avec 41 stations de ski dans son giron et qu'il est de ce fait un "vrai professionnel de la branche".

Dans les points négatifs, la lettre relève que Vail Resorts a pour but de maximiser ses profits "notamment en amenant un maximum de skieurs sur le domaine skiable et en poussant loin la diversification horizontale, par exemple en exploitant un grand nombre de restaurants, de magasins de sport ou encore une école de ski".

De son côté, l'Association des propriétaires de chalets et d’appartements de Verbier prend le dossier très au sérieux et va en discuter en comité, voire en assemblée, pour connaître la réaction des membres.

Interrogé samedi dans le 12h30, son vice-président Nicolas Leuba estime que la première crainte a trait au changement: "Les propriétaires n'aimeraient pas a priori que l'âme de Verbier soit vendue aux Américains, que ce qu'ils ont connu et qui a toujours fait l'avantage de la station devienne une standardisation selon des modus operandi qui ne sont pas les mêmes qu'actuellement."

Nicolas Leuba évoque aussi une réticence face à certaines modifications essentielles en cas d'application à Verbier du même système que celui de Vail. Et de citer "des abonnements journaliers extrêmement chers et des abonnements annuels tout à fait accessibles, dans le but d'avoir une rentabilité immédiate". Et cela aurait des conséquences immédiates pour les propriétaires, qui ne possèdent pas tous un abonnement annuel.

Une volonté d'expansion affichée

Début décembre, Vail Resorts, numéro un mondial du marché du ski, avait racheté le domaine de Crans-Montana, jusqu'ici propriété du milliardaire tchèque Radovan Vitek, pour 118,5 millions de francs.

Concrètement, le groupe américain a acquis 84% des parts de la société des remontées mécaniques de Crans Montana Aminona SA. Il a aussi acheté 80% des parts de la société anonyme SportLife, qui exploite l'une des écoles de ski de la station. Onze restaurants d'altitude tombent aussi dans l'escarcelle du géant américain.

Le géant du Colorado, qui possède aussi les remontées d'Andermatt-Sedrun depuis 2022, ne fait aucun mystère sur sa volonté de s'étendre et d'investir largement le marché européen. L'actionnaire majoritaire des Remontées mécaniques de Nendaz-Veysonnaz Jean-Marie Fournier, disait alors s'attendre à être approché prochainement.