Christophe Darbellay: "Il faut assurer d'urgence la sécurité à long terme" des zones industrielles valaisannes
Les dégâts des eaux sont énormes dans la zone industrielle de Chippis, près de Sierre. Les multinationales Novelis (USA) et Constellium (France), toutes deux actives dans l'aluminium pour les carrosseries automobiles et du matériel ferroviaire, ont déposé des demandes d'indemnité pour des réductions d'horaires de travail (RHT) auprès du Canton. La date de réouverture reste inconnue (voir encadré). Aucune autre société n'a fait appel au canton pour l'instant.
"Il y avait 2 mètres d'eau au sol lorsque le Rhône a débordé", explique Christophe Darbellay. "Elle s'est rapidement retirée, mais les sous-sols sont encore inondés. L'eau sera pompée et le limon va être stocké puis remis dans le Rhône. Mais il n'y a pas de matières dangereuses qui seront rejetées", assure-t-il. "À notre connaissance, il n'y a pas eu de pollution grave."
>> Lire aussi : L'alarme est levée et l'autoroute rouverte en Valais après les intempéries
Pas de licenciements attendus
Malgré les dégâts, ces inondations ne devraient pas toucher trop durablement l'économie valaisanne, assure le conseiller d'Etat, même si elles ont touché des sites importants. "Environ 2000 personnes sont actives sur ces zones industrielles. Les usines de Novelis et Constellium sont des points stratégiques dont dépendent beaucoup d'autres activités. Novelis fournit l'industrie automobile pratiquement dans l'Europe entière, jusqu'à 90% de parts de marché pour certaines industries qui fonctionnent à flux tendu, pratiquement sans stock. Donc le but, c'est de restaurer l'activité industrielle le plus rapidement possible", souligne-t-il.
Pour autant, l'Etat ne peut pas faire grand-chose. "C'est une situation contre laquelle on est censé s'assurer à titre privé lorsqu'on a une industrie. Mais on va tout faire pour aider ces entreprises, avec des civilistes, la protection civile et l'armée", annonce-t-il, expliquant par ailleurs qu'il est lui-même en contact "très étroit" avec leurs dirigeants.
À ce stade, aucun licenciement n'est à craindre, selon Christophe Darbellay. "Cela dépend aussi de la santé financière de ces entreprises avant la catastrophe", précise-t-il toutefois. "Il y avait déjà des RHT chez Constellium avant le sinistre. Mais on ne parle pas de licenciements."
Il évacue également le risque de délocalisation. "Mais il faut assurer la sécurité à long terme", dit-il. "Le but, c'est d'amener des mesures préventives et pragmatiques pour s'assurer qu'un débordement à cet endroit-là ne puisse plus se reproduire."
Des mesures "urgentes" et "holistiques"
Le secteur devait pourtant faire partie d'une mesure prioritaire de protection contre les crues, mais les travaux n'ont pas été effectués. "On ne peut pas parler d'erreur", balaie Christophe Darbellay. "Il faut regarder devant, avec une approche plus holistique des catastrophes naturelles" qui tienne compte des aménagements des cours d'eau latéraux, "encore plus dangereux que le fleuve lui-même", estime-t-il.
Quant à la correction du Rhône à la hauteur de Chippis-Sierre, des mesures urgentes doivent être prises. "Il ne faudra pas attendre des années et passer par des procédures qui iront jusqu'au Tribunal fédéral. Avec un projet beaucoup plus centré sur la sécurité, on pourra entreprendre des travaux dès ces prochains mois (...) pour avoir des marges de sécurité largement suffisantes pour une crue centennale", affirme le conseiller d'Etat.
À noter encore que la Chaîne du Bonheur a lancé un appel aux dons pour fournir une première contribution d'aide d'urgence aux familles affectées en complément du soutien des collectivités publiques.
Propos recueillis par Valérie Hauert
Texte web: Pierrik Jordan
Date de réouverture inconnue pour le site industriel de Sierre
Il est impossible encore d'évaluer la durée de la fermeture forcée des sites de Constellium et Novelis. "Les déblaiements ont commencé lundi avec comme priorité le dégagement des accès", explique le directeur de Novelis Sierre. Les pompiers sont à pied d'œuvre, soutenus par l'armée, ajoute-t-il.
"On ne sait pas encore la durée de cet arrêt, ni l'ampleur des dégâts. Il faut notamment inspecter toutes les machines pour en connaître les dommages et le site est grand", explique Serge Gaudin. Le directeur ne peut donc pas encore articuler de chiffres quant aux répercussions financières.
Quelque 1200 personnes travaillent sur l'entier du site industriel dont 520 pour Novelis. "Nous avons fait une demande d'indemnités RHT au canton de manière préventive", a confirmé Serge Gaudin mardi à la mi-journée. La suite dépendra de l'avancée du nettoyage et de la remise en marche des installations.
Les trains entre Loèche et Gampel-Steg interrompus jusqu'à jeudi
L'interruption de la ligne ferroviaire Lausanne-Brigue entre Loèche (Leuk) et Gampel-Steg à cause des intempéries durera plus longtemps que prévu, soit jusqu'à jeudi à 5h. Des bus de remplacement circulent entre Sierre et Viège et entre Loèche et Gampel-Steg.
L'interruption concerne aussi bien le trafic grandes lignes que les trains régionaux, écrivent mardi les CFF sur leur site. Ils conseillent aux voyageurs entre Genève, Lausanne, Viège et Brigue de passer par Berne.
Le trafic ferroviaire est interrompu depuis le début de la matinée de lundi en raison des inondations. Dans un premier temps, les CFF pensaient que les restrictions dureraient jusqu'à mardi. (ats)