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Cindy Giroud: "Il y a une certaine ouverture aujourd'hui en Valais" concernant la Pride

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Cindy Giroud, porte-parole et membre du comité de la Pride de Martigny [RTS]
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Cindy Giroud, porte-parole et membre du comité de la Pride de Martigny / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 11 min. / jeudi à 07:35
Martigny accueille vendredi et samedi la Pride romande, 23 ans après la première édition en Valais. Cindy Giroud, porte-parole de la manifestation, est revenue dans La Matinale sur l'évolution des mentalités dans le canton concernant cet événement. Selon elle, la Pride est aujourd'hui mieux comprise par la population.

Le coup d'envoi de la Pride romande 2024 à Martigny sera donné vendredi à 17h et la Marche des fiertés aura lieu samedi dès 14h dans les rues de la ville. La manifestation valaisanne, dont l'organisation s'est étalée sur deux ans, se veut festive et ouverte à toute personne. Elle souhaite également revendiquer l'égalité et une meilleure compréhension des réalités de chacun et chacune.

C'est la troisième fois que le Valais accueille la Pride, après les éditions de 2001 et 2015 à Sion. La première avait suscité une importante polémique. Une partie de la population était contre l'événement, qualifiant ce défilé de "provocateur".

La commune de Sion s'était elle aussi déclarée défavorable à la manifestation, tout en ne pouvant pas l'interdire. Le Conseil municipal sédunois avait d'ailleurs appelé "les personnes concernées à renoncer" à l'organisation de l'événement.

>> Lire aussi : La Pride romande aura lieu à Martigny en juillet, la troisième à se dérouler en Valais

>> Les images et les réactions lors de la Pride de Sion en 2001 :

Homosexualité et école
La Pride de Sion / Le Téléjournal / 6 min. / le 7 juillet 2001

Un changement de mentalité

Vingt-trois ans plus tard, la situation a bien changé, estime Cindy Giroud, membre du comité d'organisation de la Pride de Martigny et porte-parole de la manifestation. "Nous ne sommes plus du tout dans les mêmes préoccupations. En 2001, la communauté LGBTQIA+ était beaucoup plus venue pour provoquer le débat, car à ce moment-là en Valais, on ne comprenait pas le but de cette manifestation", note-t-elle jeudi dans La Matinale de la RTS.

 Les gens sont conscients qu'il s'agit d'une manifestation qui prône l'ouverture et essaie de faire passer des revendications

Cindy Giroud, membre du comité d'organisation de la Pride de Martigny

"En 2015, nous avons eu quelques religieux qui sont venus prier pour nous, mais c'est resté très pacifiste. Aujourd'hui, en 2024, la Pride est rentrée dans les mœurs et ne fait plus autant polémique. Les gens sont conscients qu'il s'agit d'une manifestation qui prône l'ouverture et essaie de faire passer des revendications", juge la porte-parole, qui fait état d'un "très bon accueil" de la part de la commune de Martigny quant à l'événement de ce week-end.

Pour Cindy Giroud, l'acceptation du mariage pour toutes et tous par 55,5% des Valaisans et Valaisannes en 2021, alors qu'ils avaient refusé à 55,2% le partenariat enregistré entre personnes du même sexe (PACS) en 2005, montre une "certaine ouverture" et une "belle évolution sociétale" dans le canton.

Instaurer un dialogue

Le climat se détériore pourtant pour les personnes LGBTQIA+ en Suisse. L'an dernier, plus de 300 cas d'agressions haineuses ont été signalées à la ligne d'assistance téléphonique qui leur est dédiée, soit plus du double qu'en 2022.

>> Lire à ce sujet : Les signalements de crimes de haine contre la communauté LGBTIQ ont doublé en Suisse

Cindy Giroud rappelle que la Pride sert à "visibiliser les personnes de la communauté LGBTQIA+", sans pour autant exclure les autres membres de la société.

Notre but est de revendiquer l'égalité et le dialogue avec tout le monde afin de parvenir à une meilleure compréhension des différentes réalités

Cindy Giroud, membre du comité d'organisation de la Pride de Martigny

"Notre but est de revendiquer l'égalité et le dialogue avec tout le monde afin de parvenir à une meilleure compréhension des différentes réalités. [...] Ce n'est pas parce que vous ne faites pas partie de cette communauté que vous n'avez pas le droit de participer à l'événement. Au contraire, nous espérons pouvoir parvenir à des échanges entre les personnes concernées et non concernées, afin que chacun et chacune puisse dialoguer dans la bienveillance."

Une prévention ciblant les femmes

Aux festivités originelles de la manifestation, s'ajoutent désormais des messages revendicateurs dénonçant les discriminations ou appelant à des améliorations pour les droits LGBTQIA+, notamment au niveau politique. La porte-parole de la Pride de Martigny cite entre autres l'interdiction des thérapies de conversion, la prise en charge des personnes âgées de la communauté dans les EMS ou l'accompagnement des jeunes.

L'édition 2024 de la Pride romande sera par ailleurs la première à être axée sur la prévention concernant la santé sexuelle, en particulier celle des femmes, avec des dépistages ciblés. Un partenariat avec les centres SIPE en Valais a été mis en place.

Propos recueillis par Aleksandra Planinic

Texte web: Isabel Ares

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