De fortes pluies mettent le Valais en alerte, après de nouvelles laves torrentielles dans la nuit
Les précipitations qui sont à nouveau tombés samedi, couplées à l’importante fonte des neiges et à des sols toujours saturés en eau, risquent de provoquer des glissements de terrains, des effondrements de berges, des débordements et des laves torrentielles le long des cours d’eau latéraux et une nouvelle crue du Rhône, écrit la Chancellerie valaisanne.
Les prévisions laissent penser que les hausses de niveaux attendues ne seront pas aussi marquées que celles du week-end passé. L’Organe cantonal de conduite (OCC) a toutefois décidé de passer au niveau d’alerte pour les cours d’eau latéraux et le Rhône à l’attention des Etats-majors de conduite des communes, sur tout le territoire du canton. Le but est de se préparer à faire face à toute éventualité.
Des centaines de personnes privées de leur domicile
L’OCC demande à la population de ne "surtout pas s’approcher des cours d’eau, de ne pas stationner sur les ponts, de limiter ses déplacements, de renoncer à filmer ou photographier les événements et de se conformer strictement aux ordres des autorités.
Des centaines de Sierroises et de Sierrois sont toujours privés de leur domicile. Vendredi, plus d'une centaine d'habitants du quartier de Sous-Géronde ont appris qu'ils ne pourront pas retrouver leur foyer en raison de la fragilisation des bâtiments. Egalement directement touchées par la catastrophe, 168 autres personnes devraient pouvoir réintégrer leur domicile au début de la semaine prochaine.
De nouvelles laves torrentielles
Par ailleurs, plusieurs nouvelles coulées de lave torrentielle se sont produites le long du Fregnoley, dans le haut Val de Bagnes, dans la nuit de vendredi à samedi. Les coulées ont détruit certaines digues placées préventivement, indique la commune de Val-de-Bagnes. Une exploitation agricole a subi des dégâts matériels très conséquents, tout comme un pont. Des montées d'eau d'environ 1,5 mètre ont été observées dans la Dranse, où se jette le torrent.
Les machinistes continuent de travailler sans relâche pour créer des digues, rectifier le Fregnoley et garder le lit de la Dranse dégagé afin qu'elle puisse s'écouler. Quinze machines sont engagées.
A Champsec, village jouxtant la zone dangereuse, les autorités ont demandé aux habitants de se préparer pour une éventuelle évacuation. Plus haut dans la vallée, d’autres localités sont coupées du monde et le resteront encore pendant plusieurs jours.
Pas de "tabula rasa" pour la correction du Rhône
Les intempéries ont fait de nombreux dégâts en Valais ces dernières semaines. Le week-end dernier, le Rhône est sorti de son lit en plusieurs endroits, notamment à Sierre où une vaste zone industrielle ainsi que des zones d'habitation ont été inondées.
Une semaine plus tard, le conseiller d'Etat valaisan Franz Ruppen s'est exprimé samedi dans la NZZ sur la révision de la troisième correction du Rhône. Celle-ci ne prévoit pas un redimensionnement complet du projet, affirme-t-il. Tout n'est pas à jeter dans la troisième correction du Rhône, juge l'UDC haut-valaisan. Une grande partie des résultats des études précédentes peuvent être réutilisés.
Franz Ruppen défend la révision annoncée fin mai et souhaite que les travaux soient menés en priorité à Sierre, durement touchée ces derniers jours. "Il n'y a jamais eu de décision de redimensionner le projet et encore moins de le suspendre", précise-t-il. Le président du Conseil d'Etat avait indiqué plutôt dans la semaine que le but de la révision était d'optimiser le projet et de mettre la sécurité des personnes et des biens au premier rang.
Ponts trop bas à Sierre
Dans l'immédiat, le service des dangers naturels examine les adaptations nécessaires au cours de l'année et demie à venir. Franz Ruppen juge "prioritaire" que des travaux soient entrepris à Sierre. Deux ponts ont fait barrage avec le bois le week-end dernier et provoqué d'importantes inondations dans le secteur. Le conseiller d'Etat souhaite que les services de l'Etat rehaussent les ponts et creuse le fleuve.
Interrogé dans La Matinale mardi, le conseiller d'Etat Christophe Darbellay, chargé de l'Economie, avait lui aussi insisté sur l'importance de la sécurisation de la zone industrielle de Sierre, mais aussi de celle des autres zones industrielles du canton. Le responsable s'était cependant montré rassurant, estimant que les inondations ne devraient pas toucher trop durablement l'économie valaisanne.
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Une "coïncidence malheureuse"
Le Conseil d'Etat valaisan a annoncé fin mai qu'il avait décidé de réviser le projet de la troisième correction du Rhône. S'appuyant sur une nouvelle analyse, il estimait le plan d'aménagement actuel "disproportionné". Un groupe de travail a été chargé d'établir un calendrier. Le gouvernement valaisan considère que la troisième correction du Rhône telle que définie à ce jour est un projet cinq-étoiles qui met la barre sécuritaire "très très haut" et qui est "alarmiste".
"C'est une coïncidence très malheureuse que les intempéries aient eu lieu si peu de temps après la présentation de notre analyse (en mai, ndlr.)", déplore Franz Ruppen. Les inondations du week-end dernier ont montré que les zones problématiques étaient toujours les mêmes que lors des inondations de 2000, constate le conseiller d'Etat.
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dk avec ats
Les stations d'épuration touchées
Le Walliser Bote de samedi s'inquiète des conséquences de l'arrêt de plusieurs stations d'épuration dans les régions touchées, qui fait potentiellement peser le risque de propagation de germes notamment, une situation inédite par son ampleur. Quelque 11'000 personnes vivent dans les zones concernées, sans compter les nombreux touristes, précise le journal.
Bien que la situation soit préoccupante, il n’y aurait toutefois, pour l’instant, pas de danger majeur pour les humains, que ce soit le long du Rhône ou à l’embouchure dans le Léman, selon Luca Rossi, responsable romand de l'Association suisse des professionnels de la protection des eaux.
"Il y aura ce phénomène de dilution relativement important qui va permettre d'encaisser en quelque sorte la pollution qui arrive", a-t-il affirmé mercredi dans La Matinale de la RTS.
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