Au début de l'opération, les autorités valaisannes avaient estimé que celle-ci serait déjà "un grand succès" si le canton parvenait à supprimer "entre 10 et 15 loups" en décembre et janvier. Jusqu'ici, 27 loups ont été tués, selon le recensement du site internet du Service de la chasse, de la pêche et de la faune (SCPF).
D'après ces données, les meutes d'Augstbord et d'Hérens ont été les plus touchées. La première a perdu onze loups et la seconde, neuf. Pourtant, dans la nuit de lundi à mardi, à Euseigne, sur la commune d'Hérémence, le grand prédateur a encore frappé, explique jeudi dans le 19h30 l'éleveur François Morend, qui a perdu une chèvre à quelques mètres des habitations. "J'ai peur qu'il vienne chercher le dessert", commente-t-il.
Selon Grégory Logean, président d'Hérémence, cette dernière attaque "montre toute la nécessité de la régulation". Dans le cas contraire, "il y aurait toujours plus de loups près des habitations", estime-t-il.
Deux meutes ont échappé aux tirs
Deux loups de la meute de Nanz ont également été abattus au début du mois de décembre. Trois de celle des Toules et deux de celles du Chablais ont connu le même sort. Deux meutes ont échappé à toute régulation: celles des Fou-Isérables et des Hauts-Forts.
Parmi ces 27 canidés tués, 16 étaient des jeunes et 11 des adultes. La plupart des loups (23) ont été abattus par des garde-faune professionnels, soutenus par le groupe soutien chasse mis en place par le canton dans le cadre de sa régulation proactive. Quatre loups ont été tués par des chasseurs à l'affût qui disposaient des permis nécessaires.
Au-delà des chiffres, le canton a promis de donner davantage d'explication sur cette opération lors de son bilan prévu lundi 5 février.
Sursis pour trois meutes
Pour mémoire, les cantons ont la possibilité de procéder à des "tirs préventifs de régulation" en décembre et janvier, s'ils obtiennent le feu vert de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV). Le Valais a obtenu le droit de rayer de la carte sept des treize meutes évoluant sur son territoire, soit un minimum de 34 loups sur une centaine d'individus.
Mi-décembre toutefois, le Tribunal administratif fédéral a bloqué l'abattage préventif de trois d'entre elles (Hauts-Forts, Nanz et Le Fou-Isérables), suite à un recours de plusieurs organisations écologistes. Celles-ci estiment que la Confédération et les cantons piétinent le principe de proportionnalité en voulant ces mises à mort, soulignant le rôle important du loup dans l'écosystème forestier. L'OFEV a depuis demandé la levée de cet effet suspensif, en vain.
ats/miro
Une cinquantaine au niveau national
Selon des organisations environnementales, une cinquantaine de loups ont été abattus à l'échelle nationale. L'ordonnance sur la chasse adoptée "à la hussarde" a déjà de "sérieuses conséquences", ont déploré Bird Life Suisse, le Groupe Loup Suisse (GLS), Pro Natura et le WWF. "Le loup, espèce protégée par la loi, a été rétrogradé au rang de nuisible", selon elles.
Les quatre organisations de protection de la nature regrettent qu'une "régulation expéditive des loups" ait été privilégiée à la protection des troupeaux. Et cela malgré le fait que cette dernière mesure se soit révélée "efficace" pour réduire le nombre d'animaux tués par le canidé. Les chiffres montrent que 80% des attaques de loup ont lieu sur des troupeaux non protégés, indiquent-elles encore.
Les défenseurs du grand prédateur estiment que ces tirs ne sont pas efficaces à long terme. Isabelle Germanier, Responsable romande du Groupe Loup Suisse, explique dans le 19h30 de la RTS que l’éradication d’une meute sur tout un territoire ne va faire que revenir le loup: "Une fois que le territoire est libéré, qu'il n'y a plus de marquage olfactif récent et plus d'appel, les territoires sont réinvestis".