Le réseau routier valaisan est l'un des plus denses de Suisse. Pendant des décennies, la priorité a été d’accéder aux montagnes. Le tourisme et les barrages hydrauliques ont rendu le développement des routes indispensable, la croissance économique se faisant aussi en hauteur.
Mais cela peut-il encore durer? La question se posait depuis plusieurs années parmi les experts et les services cantonaux directement concernés, mais depuis le début de l’année 2024, elle a pris une acuité très particulière. Eboulements et laves torrentielles s’enchaînent sur des routes de plus en plus fragilisées par un trafic en constante augmentation et un entretien souvent insuffisant, faute de budget.
Catastrophes à répétition
Les conditions climatiques évoluent: le Valais a connu des pluies record depuis l’automne 2023 et des chutes de neige exceptionnelles en altitude. La montagne s’effrite, gorgée d’eau. Les orages sont de plus en plus violents et imprévisibles.
Mais le frein cantonal à l’endettement ne permet pas de faire face à toutes les situations. Les routes en subissent directement les conséquences, parfois spectaculaires, même si aucune victime n'a heureusement été à déplorer récemment.
Début février 2024, un des tunnels de la route cantonale qui mène à la station de ski de la Tzoumaz s’est effondré, sous les yeux d’un automobiliste effaré. Quelques semaines plus tard, 3000 m3 de rochers ont défoncé une galerie de protection de la route du Val d’Anniviers.
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Et ce n’était que le début de la saison des catastrophes. Des axes majeurs ont été coupés jusqu’à plusieurs mois, désorganisant le trafic pour les touristes, mais aussi pour les habitants obligés de repenser leur quotidien et entraînant un coût exorbitant pour le canton.
Solutions alternatives
La facture est salée et remet sur la table une question cruellement impopulaire: faut-il sacrifier certains tronçons afin de mieux entretenir les autres? Comment justifier ces choix?
Entre Fully et Dorennaz, la route cantonale qui longe le Rhône d’un côté et le flanc de la montagne de l’autre est dans le viseur, officiellement car les risques accrus d’éboulements la rendent difficile à sécuriser, alors que le trafic est modeste. Le canton estime également qu’un autre trajet est possible pour aller d’une commune à l’autre, même s'il est un peu plus long.
Les premiers concernés ne sont pas du tout d’accord et sont décidés à se battre pour sauver leur route. Ailleurs, des solutions alternatives sont proposées, comme les liaisons par câble. Télécabines ou téléphériques peuvent desservir des villages ou hameaux, perchés dans la montagne, une manière de prendre de la hauteur en échappant aux risques d’éboulements.
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Sous la pression des limites budgétaires cantonales et du changement climatique, l’accès à la montagne pourrait bien évoluer dans les années à venir.
Corinne Portier, Temps Présent