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Jugée "disproportionnée", la 3e correction du Rhône sera révisée

Un rapport saborde le projet de troisième correction du Rhône. Le Valais veut réviser l'ensemble des mesures, jugées surévaluées
Un rapport saborde le projet de troisième correction du Rhône. Le Valais veut réviser l'ensemble des mesures, jugées surévaluées / 19h30 / 2 min. / le 28 mai 2024
Le Conseil d'Etat valaisan a décidé de réviser le projet de la troisième correction du Rhône. S'appuyant sur une nouvelle analyse présentée mardi, il estime le plan d'aménagement actuel "disproportionné". Un groupe de travail a été chargé d'établir un calendrier.


La troisième correction du Rhône telle que définie à ce jour "est un projet cinq étoiles" qui met la barre sécuritaire "très très haut", mais qui est "alarmiste", déclare Raphaël Mayoraz, chef du service valaisan des dangers naturels devant la presse réunie à Sion. Ce projet tablait par exemple "sur une rupture de toutes les digues en un seul événement de crue", ce qui est "catastrophiste", selon lui.

Le plan d'aménagement de la troisième correction du Rhône va "beaucoup plus loin" que les objectifs fixés par l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), un choix qui visait l'éradication de "tout danger", poursuit Raphaël Mayoraz. En résumé, "on a ajouté des probabilités à des probabilités", élaboré "des scénarios improbables", projeté des dommages très (trop) élevés. En définitive, le canton du Valais estime aujourd'hui que le projet est "trop ambitieux" et "disproportionné".

Un contexte qui a évolué

Le gouvernement a lancé en 2022 une analyse pour déterminer si le projet de troisième correction du Rhône tel que défini est le plus approprié pour répondre aux défis et besoins actuels et futurs. "Le contexte a en effet fortement évolué depuis 2000, date du lancement de R3 et le début des travaux en 2009", souligne Franz Ruppen, chef du Département de la mobilité, du territoire et de l'environnement.

Interrogé dans l'émission Forum, Franz Ruppen relève que le projet tel qu'il est va beaucoup plus loin que les recommandations. "Il est disproportionné avec toutes les conséquences qu'il aura sur les coûts, mais aussi sur la plaine du Rhône."

Il y a toujours des pesées d'intérêts dans la vie et il faut vraiment tout prendre en considération, explique encore le conseiller d'Etat UDC en charge du projet. "Le projet de la troisième correction du Rhône est un projet de sécurité. Il faut sécuriser la plaine du Rhône, les gens, les biens, c'est la priorité absolue. Après, il y a des intérêts, il y a les terres agricoles, les surfaces d'assolement, les aspects nature biodiversité. Il faut trouver un juste équilibre."

"Nous avons pris connaissance de ce rapport et nous allons à présent trouver des solutions pour donner une nouvelle dynamique à ce projet", conclut Franz Ruppen.

>> Les précisions de Franz Ruppen dans le 19h30 :

Jugée "disproportionné, la 3e correction du Rhône sera révisée en Valais: interview de Franz Ruppen
Jugée "disproportionné, la 3e correction du Rhône sera révisée en Valais: interview de Franz Ruppen / Forum / 7 min. / le 28 mai 2024

Des surfaces d'assolement à protéger

Rien que depuis 2016, date à laquelle Vaud et Valais ont validé le plan d'aménagement, les moyens de prévention, la manière par exemple de construire des digues, la prise de conscience des changements climatiques ont "fondamentalement changé", abonde Raphaël Mayoraz. Dans ces domaines, les cantons ont acquis de nouvelles compétences.

R3 est aussi revenu plusieurs fois au menu du Grand Conseil valaisan. Celui-ci était préoccupé par la gestion des sites pollués, la conservation des surfaces d'assolement ou encore le changement climatique. "En mai 2021, il a accepté à l'unanimité de mener une analyse et une réflexion de fond sur Rhône 3. C'est chose faite", a dit Franz Ruppen, rappelant à plusieurs reprises que cette analyse n'a pas vocation à "pointer les erreurs du passé, mais à aller de l'avant".

Dans le projet, les élargissements prévus sur le fleuve sont importants. Selon les normes de l'OFEV, un espace de 15 mètres de chaque côté est suffisant "bien que très minimal", admet Raphaël Mayoraz, pour qui 60 à 70 mètres, comme prévu dans R3, "c'est beaucoup".

Un autre problème soulevé dans l'analyse est l'emprise du projet sur les surfaces d'assolements (SDA), soit les terres agricoles les plus précieuses de Suisse. "La Berne fédérale a serré la vis en 2020, et pour respecter la législation qui exige pour le Valais 7350 hectares de SDA, on ne peut plus se permettre d'utiliser les 296 hectares nécessaires pour ce projet", complète Raphaël Mayoraz.

Un groupe de travail

Ce rapport n'est pas "un coup d'arrêt" au projet: on ne repart pas de zéro, mais ce ne sera pas non plus "un toilettage superficiel", précisent les responsables. Un groupe de travail a été formé qui aura pour tâche de "diriger les travaux de révision et d'en établir un planning détaillé".

Il s'agira notamment d'avoir une vue d'ensemble des digues valaisannes et de leur stabilité, de réactualiser les scénarios de rupture de digues ou encore l'efficacité écologique de variantes d'aménagement. Concernant les mesures déjà en cours, le canton va, si nécessaire, opérer des changements mineurs ou majeurs.

Le groupe de travail est constitué du chef du service des dangers naturels, de son adjoint et de représentants du canton de Vaud et de l'OFEV. La révision devrait être d'ici un an et demi sur la table du Grand Conseil.

>> Voir aussi les explications de Franz Ruppen dans le 19h30 :

Le Valais change de stratégie. Les explications du conseiller d'Etat Franz Ruppen
Le Valais change de stratégie. Les explications du conseiller d'Etat Franz Ruppen / 19h30 / 3 min. / le 28 mai 2024

>> Lire aussi : Le canton de Vaud se fâche avec le Valais sur la correction du Rhône

ats/miro

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Vaud veut sortir les mesures pour le Chablais de la révision

Le Canton de Vaud souhaite sortir les mesures prévues dans le Chablais de la révision annoncée par le canton du Valais pour le projet de 3e correction du Rhône. "Il n'est pas question de retarder cette mesure indispensable pour la sécurisation et le développement économique de toute une région", a déclaré le ministre vaudois Vassilis Venizelos.

"Plusieurs échanges ont eu lieu avec mon homologue Franz Ruppen et nous avons eu l'occasion d'aborder les craintes d'un retard pour la mesure prioritaire Chablais. Nous nous sommes mis d'accord sur la nécessité de sortir les mesures prévues dans le Chablais de la nouvelle démarche menée par le Canton du Valais", a affirmé le conseiller d'Etat vaudois en charge de l'environnement.

"Nous avons décidé avec le Valais que le dossier du Chablais sera mis en consultation auprès des services valaisans et vaudois, ce qui vient d'être fait. Il sera ensuite mis à l'enquête publique", explique-t-il.

"En parallèle, les autorités vaudoises et valaisannes ont écrit conjointement au conseiller fédéral Albert Rösti afin d'obtenir la confirmation que les financements fédéraux restaient garantis pour les mesures prioritaires Chablais et Delta. A ce stade, les financements ne sont pas remis en question", assure M. Venizelos.

Le ministre vaudois a aussi réagi à la décision de mardi. "Le Canton du Valais a choisi d'adapter sa stratégie et ce choix lui appartient. Le Canton de Vaud considère pour sa part que le projet actuel reste la meilleure solution", a-t-il dit.

"Les objectifs écologiques ne doivent pas être revus à la baisse", demandent les Verts

Dans un communiqué, les Vert-e-s Valais constatent que "contrairement à ce que le canton avait toujours affirmé jusqu’ici, cette analyse remet fondamentalement en cause le projet Rhône 3 tel que décrit dans le plan d’aménagement adopté en 2016". Si le parti n'est pas "opposé sur le fond à des adaptations du projet", il demande à ce que "les objectifs écologiques du projet ne soient pas revus à la baisse, en premier lieu dans les grands élargissements".

Ils attendent en outre une détermination claire de la Confédération sur la portée légale et financière des modifications envisagées. Le projet R3 est soumis à la loi fédérale sur l’aménagement des cours d’eau qui fixe des exigences quant au tracé du fleuve et à la nécessité d’une revitalisation menée en parallèle des mesures de protection contre les crues, notent aussi les Vert-e-s.