L'"effet papillon" des inondations en Valais: Porsche annonce 1 à 2 milliards de pertes
Depuis un mois, à Sierre, en Valais, les employés de Novelis s’affairent. Des milliers d’éléments encrassés de limon doivent être démontés, nettoyés, séchés. Une tâche titanesque pour faire redémarrer l’usine au plus vite.
Gérard Cottier, ingénieur électricien et responsables de certains travaux de réparation, raconte au micro de la RTS: "C’est stressant. On doit livrer nos tôles d’aluminium aux fabricants d’automobiles. La pression est grande pour que tous les constructeurs puissent continuer à produire."
Perte de 1 à 2 milliards d'euros chez Porsche
Porsche, la plus impactée de ces grandes marques, ne peut plus fabriquer de modèles et annonce déjà une baisse de son chiffre d’affaires de 1 à 2 milliards d’euros. Certains analystes parlent d’une perte de production de 10'000 à 17'000 véhicules d’ici la fin de l’année.
De quoi interpeller Richard Baldwin, économiste à l'Institut of Management Developpement (IMD): "Ce qui m’a surpris, c’est que Porsche dépende aussi fortement de ce fournisseur d’aluminium en particulier. Fermer une usine à Sierre menace l’entier de leurs lignes de production. Porsche n’a pas pensé à diversifier ses chaînes d’approvisionnement."
Dans l’usine de Sierre, on mesure l’ampleur du désastre. "Il y a les murs mais tout le reste est à refaire", déplore Serge Gaudin, directeur de Novelis.
500 postes en jeu
L’eau et le limon ont réduit le développement de ce site de référence à néant. Sans compter le risque de perdre des clients.
"La confiance, actuellement, s’est perdue chez nos clients. Si la confiance est retrouvée, les emplois seront sauvés", explique le directeur. Plus de 500 postes sont en jeu. Novelis espère redémarrer son usine d’ici fin septembre, un défi de taille.
De l'importance de diversifier ses fournisseurs
L’usine en Valais produit un alliage bien spécifique d'aluminium. Lorsqu’il faut chercher d’autres fournisseurs, Porsche n'est finalement qu'un assez petit joueur face à la concurrence, qui lui coupe l'herbe sous le pied. BMW ou d’autres grandes marques, qui ont des plus gros volumes, ont ainsi pu trouver des alternatives, quand Porsche restait sur la paille.
Aujourd’hui, c'est l'ensemble de l'industrie qui est vulnérable face aux catastrophes climatiques. Les chaînes d’approvisionnements sont d'ailleurs de plus en plus sous stress.
Catastrophes naturelles, risques géopolitiques, attaques cyber
Il y a trois catégories de risques qui prennent de l’ampleur. D'abord, les catastrophes naturelles (modification du régime des pluies, inondations, sécheresses, canicules, méga-feux) sont en hausse, selon les scientifiques, notamment du fait du réchauffement climatique anthropique. Ce dernier bouscule l'état relativement stable du climat qui avait cours depuis environ 10'000 ans.
S'y additionnent les risques géopolitiques, comme la politique zéro Covid en Chine, la guerre en Ukraine ou les attaques de rebelles houtis en mer Rouge.
Et finalement, il y a les attaques informatiques. Toute l’industrie est aujourd’hui informatisée, ce qui la rend vulnérable à des cyberattaques ou des pannes. La panne de Microsoft la semaine dernière en est un exemple parlant.
En résumé, l’industrie doit aujourd’hui diversifier un maximum ses chaînes d’approvisionnement pour augmenter sa résilience face à ces chocs.
Sujets TV: Claudine Gaillard-Torrent, Théo Jeannet
Adaptation web: Julien Furrer
Programme de "réduction des coûts" annoncé par Porsche
Le constructeur de voitures de sport Porsche a annoncé mercredi un programme de "réduction des coûts" après un premier semestre difficile, entre recul des ventes en Chine, rupture de livraison chez un fournisseur et marché électrique décevant.
De janvier à juin, Porsche a livré 7% de voitures en moins par rapport à la même période l'an dernier. Tout comme la maison mère Volkswagen, Porsche a également subi la chute de ses ventes de véhicules en Chine (-33%), son principal marché, où tout le secteur du luxe pâtit du ralentissement de la croissance.
Autre frein: l'attente du lancement de nouvelles versions de ses modèles, qui a ralenti les ventes, explique un communiqué de résultats.
Dans ce contexte, le groupe a revu ses objectifs de rentabilité des ventes à la baisse, visant désormais 14 à 15% pour 2024, au lieu de 15 à 17% comme prévu auparavant. C'est loin de la rentabilité obtenue en 2023 (18%).