En décembre 2022, le Conseil d'Etat a mandaté l'Institut Tropical et de Santé Publique Suisse (Swiss TPH, institut associé à l'Université de Bâle) pour mener cette étude. Après analyses, le Swiss TPH a décidé de travailler avec les élèves des niveaux 3H à 8H de Salquenen, Chamoson et Saxon, dont les surfaces viticoles et arboricoles sont situées à proximité des écoles primaires.
L'étude se déroule en quatre phases étalées entre janvier et juin. "La première, qui sert de période de contrôle, a eu lieu en début d'année lorsqu'il n'y a pas de traitements pesticides", explique le professeur Samuel Fuhrimann directeur de l'étude. Les trois suivantes ont lieu pendant les mois d'avril, mai et juin, durant la période de pulvérisation. Chaque phase dure une semaine et se déroule de la même manière.
Quelque 300 enfants et leurs parents, soit plus de 50% des effectifs des écoles, ont accepté de prendre part à l'étude. Sur ce nombre, 200 participent aux quatre évaluations et 100 autres enfants seront évalués pendant que leurs parents répondent à un questionnaire en ligne, ajoute Samuel Fuhrimann. La collecte de données doit se terminer fin juin, avant les vacances d'été. Les résultats sont attendus pour la mi-2025.
L'étude se concentre sur les enfants, car ils sont plus vulnérables à l'exposition aux pesticides que les adultes en raison de leur poids corporel plus faible, relève encore le scientifique. Les résultats de leur exposition dans une zone restreinte sont également plus fiables, car les enfants ne se déplacent pas beaucoup.
Mesurer l'exposition aux pesticides
Lundi, ce sont les élèves de Chamoson qui se sont succédé devant l'équipe de scientifiques pour la troisième évaluation afin de mesurer leur capacité pulmonaire par spirométrie, prendre leur poids et mesurer leur taille. Chaque élève a en outre reçu un bracelet en silicone "qui peut absorber tout ce qui se trouve dans l'air autour de lui ou elle", détaille Samuel Fuhrimann.
L'équipe prélève également un échantillon d'urine durant chaque phase afin de comparer l'exposition aux pesticides par l'air et par les aliments. Enfin, au début et à la fin de chaque évaluation, elle mesure la santé respiratoire des enfants, grâce à un spiromètre portable. Entre les deux, les enfants effectuent ces mesures avec le même appareil chez eux avec leurs parents.
Le but de l'étude est de mesurer l'exposition aux pesticides, mais aussi aux pollens et aux polluants atmosphériques. Il s'agit aussi d'explorer l'association à court terme entre cette exposition et la santé respiratoire des élèves fréquentant les écoles sélectionnées.
Manque de données
L'étude a été mandatée parce que la situation actuelle n'est pas satisfaisante et qu'il fallait sortir de l'émotionnel, explique le conseiller d'Etat valaisan Mathias Reynard. D'une part les viticulteurs et agriculteurs se sentaient pointés du doigt et de l'autre des parents et des riverains ne se sentaient pas écoutés, ajoute-t-il.
Cette étude, qui a dès le début impliqué les départements de la santé et de l'économie ainsi que les faitières agricoles et viticoles, est unique en Suisse, où les données manquent encore sur le sujet. "Il était important pour nous de mettre tout le monde autour d'une table et de lancer une étude incontestable sur le plan scientifique", ajoute le conseiller d'Etat.
Swiss TPH a pour mandat de récolter les données, de les analyser puis d'établir un rapport avec des recommandations à l'intention du Conseil d'Etat. L'institut a une longue expérience de la recherche grâce à des études similaires menées aux Pays-Bas, en Afrique du Sud et au Costa Rica.
ats/iar
Une deuxième étude sur les pesticides en cours en Valais
Une autre étude sur la présence de pesticides dans l'environnement est en cours dans plusieurs cantons suisses, dont le Valais. Cette recherche, qui a démarré en mars, est lancée par le bureau de recherche valaisan Environmental Science & Research Consulting, en collaboration avec le Laboratoire de la biodiversité du sol de l'Université de Neuchâtel.
Les deux études ont des approches différentes et ne collaborent pas.