"Le personnel de vente a déjà un travail pénible qui dure longtemps. Avec cette demi-heure en plus, l’amplitude horaire potentielle est vraiment grande et il sera difficile de concilier vie familiale et vie professionnelle", a avancé la responsable du secteur tertiaire à l'UNIA Valais Francine Zufferey dans le 12h45 de la RTS lundi.
Dans les rues, le texte divise. Si certains estiment qu'il est possible de s'organiser pour faire ses commissions à midi ou le samedi, d'autres disent avoir du mal à trouver le temps et préfèreraient donc que les magasins soient ouverts après qu'ils rentrent du travail.
Le Grand Conseil valaisan a accepté la loi sur l'ouverture des magasins (LOM) en deuxième lecture le 11 mai 2023, par 91 voix contre 35 et deux abstentions. Dans la foulée, la gauche a lancé un référendum, ouvrant la voie à la votation du dimanche 3 mars.
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Concernant les samedis et veilles de jours fériés, le Grand Conseil a opté pour le statu quo (17h00). Le 24 décembre en revanche, les magasins devront fermer à 16h00 au lieu de 17h00 actuellement.
En cas de non dans les urnes, le Valais resterait l’un des cantons les plus restrictifs de Suisse.
Zones touristiques favorisées
Au-delà de l'extension de l'horaire, cette nouvelle loi permettrait aux communes de définir elles-mêmes leurs zones touristiques. Cela permettrait, selon des critères précis, la création de nouveaux secteurs dans lesquels les magasins pourraient ouvrir sept jours sur sept, jusqu’à 21 heures.
Ce rythme inquiète les petits commerçants qui redoutent une distorsion de la concurrence. "Nous craignons une inégalité de traitement entre les commerces qui seraient, d’un côté, dans la zone touristique, et de l’autre, dans la zone non touristique. Cela pourrait poser des problèmes notamment au niveau des baux à loyer ou des valeurs immobilières des bâtiments", met en garde Flavien Claivaz, directeur de l'Union commerciale valaisanne.
Chez ces petites enseignes, on craint également que l’extension des horaires profite surtout à la grande distribution, ce que démentent les grandes surfaces. Elles regrettent que le pouvoir d'achat "quitte le canton du Valais", au profit de "la France voisine, des cantons périphériques ou du commerce en ligne", note Franck Truchot, président de Trade Valais, une association de commerçants.
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Sujet TV: rb
Adaptation web: juma
Revirements politiques
Du côté des politiciens, le sujet a divisé droite et gauche au Grand Conseil, mais à la surprise générale, certains ont revu leur position pendant la campagne.
Au début, le Centre du Valais romand estimait - comme l'UDC - que la prolongation des horaires d'ouverture était une "réforme mesurée", un compromis "raisonnable et moderne qui répond à une évolution de la société". Mais les membres du Conseil du parti ont finalement décidé à une courte majorité (24 voix contre 19 et 3 abstentions) de s'opposer à la réforme après un débat entre le chef du groupe centriste au Parlement cantonal et un député socialiste.
Le PLR, qui s'est pourtant déclaré "viscéralement attaché à la liberté de commerce" lors des débats au Grand Conseil, a, lui, renoncé à donner une consigne de vote.
Quant à l'UDC du Haut-Valais, adepte d'une libéralisation totale des horaires "dans les limites imposées par le droit supérieur", il campe sur ses positions et soutient la loi.
"Nuisible et inutile"
Unie et mobilisée depuis le début, la gauche combat la LOM qui, selon elle, ne répond à aucun besoin de la clientèle. La large coalition composée notamment du Parti socialiste, des Vert-e-s, du POP et des syndicats SCIV, UNIA et SAP déplore "une détérioration des conditions de travail d'un personnel de vente déjà malmené".
Pour eux, la révision de la LOM est "nuisible et inutile". Elle fragilise les petits commerces de proximité, ne profite qu'aux grandes surfaces et encourage une société "de surconsommation, de gaspillage et de production accrue de déchets".