Pas plus de trois prises de parole masculine sans qu'une femme ou une personne appartenant à une minorité de genre ne puisse s'exprimer: par 56 "oui", 14 "non" et 6 abstentions, la résolution a été prise samedi par le Parti socialiste du Valais romand (PSVR), après une proposition de sa jeunesse, dont le parti national applique déjà cette règle.
Pour Elisa Schröter, membre de la Jeunesse Socialiste du Valais romand (JSVR), cette mesure doit permettre aux paroles féminines et aux minorités de genre d'être "plus écoutées et mises en avant". "Nous avons constaté que, même au sein de notre propre parti, les prises de paroles étaient majoritairement masculines", explique-t-elle dimanche dans le 19h30 de la RTS.
Lors du congrès du PSVR qui s'est tenu à Fully, les débats sur la question ont été vifs. "On s'attendait à ce que cela choque un peu les mœurs en dehors du Parti socialiste. En revanche, on ne s'attendait vraiment pas à ce qu'il y ait autant d'oppositions et d'émotions autour de cette résolution à l'interne du parti", s'étonne Sarah Abbet, également membre de la JSVR.
Une "nouvelle inégalité"
Certains membres du PS Valais romand dénoncent une injustice et un musèlement. Pour eux, il ne s'agit que d'un engagement de façade.
"Ce n'est pas en instaurant une nouvelle inégalité qui fait que l'on en corrige une autre. C'est dommage d'en arriver à ce genre de biais pour promouvoir la place des femmes en politique, alors qu'elles sont tout à fait légitimes. Ce n'est pas le genre de la personne s'exprimant qui compte, ce sont surtout les compétences et l'expertise qu'elle amène", estime Valentin Aymon, conseiller communal socialiste à Savièse.
"Laisser plus de place aux femmes et minorités de genre"
La résolution "est une première nationale au niveau de tous les partis politiques en Suisse", selon la vice-présidente du PSVR Aude Rapin. "C'est une manière d'avancer sur le chemin de l'égalité que l'on souhaite atteindre. Il faut commencer par l'intérieur du parti et ensuite espérer que ce changement se fasse dans la société", note-t-elle.
Interrogée dans l'émission Forum, la vice-présidente justifie la mesure par un besoin de "rééquilibrage", pointant une certaine "aisance masculine à parler" et une "place qui a été prise au fil du temps". "Nous voulons aller de l'avant en laissant plus de place aux femmes et aux minorités de genre pour s'exprimer dans la bienveillance", détaille-t-elle. Pour Aude Rapin, il s'agit également de visibiliser une problématique qui est importante, au même titre que d'autres thématiques sociales.
Contactée par la RTS, la présidence du Parti socialiste suisse a indiqué ne pas prendre position.
Une deuxième résolution acceptée samedi va par ailleurs comptabiliser le temps de parole par genre, afin de quantifier le phénomène.
Sujet TV: Rafaël Poncioni
Propos recueillis dans Forum par Valentin Emery
Texte web: iar