Le diocèse de Sion reconnaît d'importants dysfonctionnements dans l'accueil des victimes
"L'accueil était vécu par les personnes auditionnées comme intimidant, déroutant et peu soutenant, laborieux ou encore fuyant", indique Stéphane Haefliger, du cabinet romand Vicario Consulting chargé de l'audit.
A cette inadéquation du premier contact direct avec un membre de l'Eglise s'ajoute notamment "une inertie institutionnelle dans le traitement des dossiers et une absence de proactivité dans le suivi".
"Cela faisait partie de la manière dont on pensait devoir traiter les chose, de les minimiser, les marginaliser, en pensant que parfois, le temps les arrangerait et les résoudrait. Cependant, ce n'est pas le cas, cela rejaillit 20, 30, 40 ans après", a expliqué dans le 12h45 l'évêque de Sion Jean-Marie Lovey.
Professionnalisation de l'écoute
Le rapport se base sur les auditions d'une vingtaine de personnes abusées ou concernées, et sur l'analyse d'une quinzaine de dossiers issus des archives secrètes du diocèse.
Si le récit des victimes est "critique", les dossiers administratifs disponibles "sont bien tenus". Le cabinet d'audit recommande au diocèse "de s'ajuster vers plus d'humanité et de communication".
Le diocèse s’engage à professionnaliser son dispositif d’écoute et d'améliorer sa collaboration avec les associations de défense des victimes. Stéphane Haefliger souligne qu’il sera désormais important de surveiller comment l’évêché respectera ses engagements actuels à long terme.
"Tendance à protéger l'Eglise d'abord"
Invité dans Forum, Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion, reconnaît que système décourageait les témoignages gênants. "Monseigneur Lovey a rappelé aujourd'hui une tendance à protéger l'Église d'abord, et non pas les victimes."
"Et pour nous, bien sûr, au contraire, il s'agit absolument aujourd'hui de donner la première place aux victimes. On l'a rappelé ce matin, si l'Église est appelée à s'adresser à toute personne et à accueillir surtout les personnes en souffrance, c'est d'abord notamment aux victimes d'abus qu'elle doit s'adresser."
Pierre-Yves Maillard appelle les victimes à se manifester. "Elles ont plusieurs points de contact, soit la Commission diocésaine des abus sexuels en contexte ecclésial, qui est composée de membres qui ne sont pas des membres du conseil épiscopal, mais des personnes reconnues pour leurs compétences professionnelles de juristes, de médecins, de psychiatres. C'est une porte d'entrée. Une autre, ce sont les associations de défense des victimes. Et nous souhaitons avoir davantage de contacts avec ces associations."
miro avec ats
La multiplication des audits, quelle utilité?
Les audits demandés par les Eglises concernant les abus sexuels en leur sein se multiplient depuis plusieurs mois. Est-ce que ces travaux sont utiles pour faire la lumière sur les dysfonctionnements? Ou est-ce qu'ils sont une manière pour les Eglises de se donner bonne conscience?