Un avant-projet de loi visant à développer l'exploitation de l'aéroport civil de Sion a été présenté jeudi. En consultation jusqu'au 11 mars, il doit permettre d'établir des conditions cadres plus favorables. Concrètement, il s'agirait d'augmenter le nombre d'atterrissages et de décollages avec un nombre de trois avions de cent places par jour du mardi au dimanche.
Actuellement, le site voit défiler près de 34'954 passagers, tout type de trafic confondu, par année. Ce chiffre pourrait atteindre 115'000, selon le scénario le plus optimiste.
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Toutefois, selon un rapport de la HES-SO Valais-Wallis, sur les 75 millions de retombées économiques totales de l’aéroport de Sion, seuls 3 finissent dans les caisses du tourisme valaisan. Cette étude, commandée par le canton, se base sur les chiffres de l’année 2019, soit avant le Covid et ses effets négatifs pour le secteur de l’aviation.
Trois contraintes freinant la rentabilité
Une autre étude, datée de juillet 2023 et également commandée par le canton, montre que l’aéroport de Sion devrait accueillir 70'000 passagers par année, soit deux fois plus qu’aujourd’hui, pour espérer devenir rentable.
Ce rapport réalisé par le groupe Steer estime que cette rentabilité sera possible seulement si "les trois grandes contraintes opérationnelles qui pour l’instant rendent les opérations aériennes à l’aéroport de Sion peu attractives pour les compagnies aériennes" seront levées.
Le canton du Valais va devoir convaincre la Confédération de modifier les trois conditions-cadres défavorables au tarmac sédunois. Premièrement, les horaires d’activité de l’aéroport devront être élargis au-delà de 17h durant l'hiver.
Deuxièmement, l’approche de la piste d’atterrissage, qui est compliquée par la proximité des montagnes, devra être facilitée. La solution passerait par le recours à une navigation par satellite et "nécessiterait des investissements non négligeables".
Troisièmement, il faudrait s’accorder avec l'armée pour qu'elle libère davantage le ciel à certaines périodes de l'année.
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Un aéroport surtout utilisé par les Valaisans
Si ces trois obstacles ne sont pas levés, l’étude de faisabilité commerciale estime que l’aéroport de Sion ne sera pas compétitif pour les compagnies basées à l’étranger. Il continuerait alors à être surtout utilisé par des Valaisans.
Le rapport juge notamment que le modèle souhaité par une compagnie aérienne valaisanne aura peu de chances de fonctionner, à savoir attirer à Sion les voyageurs d’affaires entre Lausanne et Genève-Aéroport, pour leur éviter les embouteillages de l’Arc lémanique aux heures de pointe.
D’autant que le secteur de l’aviation d’affaires est de plus en plus exposé aux critiques concernant son empreinte carbone, comme le rappelle le rapport, qui précise par ailleurs que Zurich est la quatrième destination la plus prisée depuis Sion, après Majorque, la Corse et Londres.
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Romain Carrupt/boi
Déjà des oppositions
Alors que le Valais entend doubler ou tripler l'affluence de l'aéroport de Sion, le projet suscite déjà la controverse.