Le tunnel qui s'est effondré dimanche sur la route reliant Riddes à La Tzoumaz pourrait rester fermé des mois, voire peut-être plus. Une déviation a été mise en place, par Aproz-Fey-Les Condémines et Isérables.
L'ouvrage doit désormais être sécurisé, car un bout de la falaise s'est désolidarisé du reste de la roche. D'autres morceaux bougent aussi et menacent de tomber. "Pour l'heure, nous cherchons à comprendre comment faire pour que le reste du tunnel tienne et ainsi pouvoir débuter les travaux", a expliqué lundi Bertrand Huguet, voyer du secteur.
Des relevés géologiques seront effectués ces prochains jours afin de décider quel genre d'ouvrage de sécurisation est nécessaire, avant de pouvoir envoyer des ouvriers à l'intérieur. Les travaux à l'intérieur interviendront dans un second temps et s'étaleront sur plusieurs mois.
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Des causes multiples
Pour Vincent Pelissier, les causes de cet effondrement sont multiples. "Les infrastructures routières sont vieillissantes" et "la montagne a évidemment continué de bouger" depuis la construction de ce tunnel de bientôt 60 ans, explique l'ingénieur au micro de la RTS lundi. "C'est plutôt l'âge de nos infrastructures qui est en cause", insiste-t-il.
L'ingénieur cantonal pointe également du doigt le coût de l'entretien. "On constate aussi que l'entretien de ces infrastructures coûte énormément d'argent et on doit prioriser."
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Mais pour lui, on ne peut pas associer cet événement au réchauffement climatique. "C'est vraiment le vieillissement naturel, la décompression de la roche durant les 50 dernières années", souligne-t-il en indiquant qu'il était "difficile" de le prédire, malgré que le tunnel soit surveillé.
Pas de danger particulier
Vincent Pelissier l'assure, cet événement ne doit pas remettre en cause la sécurité des tunnels de montagne. "Il faut éviter de faire des généralités (...) On ne peut pas dire que tous les tunnels construits à cette époque dans ce type de roche sont dangereux (...) Le risque n'est pas plus grand aujourd'hui que ce qu'il était hier."
Il précise encore que toutes les infrastructures sont surveillées, mais qu'elles sont trop nombreuses pour pouvoir anticiper de tels incidents. "Il y a à peu près 2000 ouvrages rien que dans le canton du Valais (...) On ne peut pas mettre un cantonnier devant chaque fissure (...), donc il faut faire une approche risque, pas une approche danger".
"Le risque n'a pas changé (...), donc il ne faut pas céder à la panique", ajoute-t-il.
Repenser l'accessibilité du territoire
Pour éviter que ce genre d'incident ne se reproduise, il est nécessaire de "faire des choix d'investissements", note l'ingénieur valaisan. Il évoque deux approches: "Soit on se dit qu'on n'a pas assez d'argent pour notre réseau vieillissant et qu'il faut investir énormément, mais il y a des besoins infinis d'argent, ou bien on repense notre modèle d'accessibilité à la montagne, mais c'est une question plus politique que technique."
Vincent Pelissier envisage plusieurs solutions pour permettre de continuer à se déplacer en montagne: "Il y a le transport par câble par exemple, qui s'affranchit des contraintes territoriales, qui évite les avalanches, les coulées et les laves torrentielles. Et les endroits où il y a deux accès, peut-être devra-t-on privilégier un des deux et conserver le deuxième pour des situations exceptionnelles comme celles-là et avoir un niveau d'entretien d'un accès (qui soit) supérieur à l'autre".
Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web: Julie Marty avec ats
"On assurera la qualité des prestations"
Interrogée dans La Matinale de lundi, la présidente de la commune de Riddes Christel Duc s'est montrée rassurante. Elle insiste: "La Tzoumaz n'est pas coupée du monde". "On peut continuer à y accéder", assure-t-elle, même si c'est par "un itinéraire différent, mais tout à fait conforme".
L'accessibilité en transports publics est aussi existante. "On a une gare avec deux trains par heure, en direction ou en provenance de Martigny ou de Sion et le canton nous a promis de mettre en place un système de transports publics encore plus efficient qu'aujourd'hui en direction de La Tzoumaz", déclare-t-elle encore.
Les déchets évacués par les airs ou la route
Avec les relâches qui arrivent, la situation sur place est compromise, mais là encore la présidente se veut rassurante.
Des solutions ont été envisagées au niveau des déchets: "Soit par les airs, soit avec des véhicules au gabarit plus petit qui pourront traverser le village", avance-t-elle.
"On assurera la qualité des prestations pour nos résidents, les propriétaires de résidences secondaires et les touristes qu'on va accueillir", promet-elle encore.
Christel Duc note enfin que La Tzoumaz produit en haute saison, avec ses 8000 à 10'000 personnes qui y séjournent, six tonnes de déchets ménagers.