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Le Valais interdit les "capsules à suicide" sur son sol

Un "Sarco", pour "sarcophage", une capsule imprimable en 3D qui permet de se suicider grâce à de l'azote. [Exit International]
Le Valais interdit l’euthanasie via une ‘‘capsule’’ proposée par Exit: interview de Cédric Dessimoz / Forum / 6 min. / hier à 18:08
La première euthanasie au monde dans une "capsule à suicide" n'aura pas lieu cette semaine en Valais. Les autorités ont mis leur veto. Le médecin cantonal vient d'interdire ces dispositifs sur le territoire valaisan.

Dimanche, la NZZ am Sonntag annonçait que cette invention du fondateur d'Exit International serait utilisée pour la première fois dans le monde cette semaine en Valais. Mais les autorités valaisannes avaient déjà mis leur veto vendredi, a appris la RTS.

Une "capsule à suicide" est un dispositif au look futuriste, baptisé "Sarco", pour "sarcophage". La capsule ovale en plastique violet - couleur choisie parce qu'elle symbolise la dignité - a la taille d'un corps humain. Sa structure est inclinée, un peu comme une chaise longue.

Au-dessous, des roulettes pour la transporter facilement sur une plage, en montagne ou en forêt. Et au-dessus, une vitre, afin de voir le ciel avant de rendre son dernier souffle.

Pour les personnes valides, de l'azote y est libéré sur pression d'un simple bouton. Et pour les personnes paralysées, le temps d'un clignement d'yeux et le patient quitte le monde des vivants. La mort dans la capsule Sarco est présentée comme sans douleur.

>> Les explications du 19h30 :

La possible inauguration en Suisse de la capsule d’aide au suicide, Sarco, suscite les vives réactions des cantons
La possible inauguration en Suisse de la capsule d’aide au suicide, Sarco, suscite les vives réactions des cantons / 19h30 / 2 min. / hier à 19:30

Rendre plus "accessible" l'assistance au suicide

Avec la "capsule à suicide", il n'y a pas besoin de l'assistance d'un médecin. L'azote est un gaz en vente libre.

A terme, il devrait aussi être possible de fabriquer soi-même son "Sarco", avec une imprimante 3D. "The Last Resort", l'association qui promeut cette invention, projette de partager les plans 3D gratuitement, mais seulement aux plus de 50 ans ou alors à des personnes plus jeunes souffrant d'une grave maladie physique.

Plus de 1250 heures seront encore nécessaires pour imprimer un "Sarco". Et certainement un peu plus pour le modèle duo, en cours de production et destiné aux couples qui veulent mourir ensemble.

Un dispositif controversé

L'association est convaincue que son dispositif est légal en Suisse, pays très libéral en matière de suicide assisté. Un avis que ne partage pas le premier procureur de Schaffhouse. Sur la base du peu d'informations en sa possession, il a menacé le fournisseur du "Sarco" de poursuites pénales.

Rien de tel en Valais, où la procureure générale rappelle qu'il n'est pas interdit de se suicider et qu'une éventuelle poursuite pénale sera décidée seulement en cas de soupçons avérés d'infraction. Un cas de figure qui ne devrait pas se présenter de sitôt, car le médecin cantonal vient d'interdire les "capsules à suicide" sur le territoire valaisan.

Cette controverse a d’ailleurs vu le jour alors que "The Last Resort" assure qu'il n'a jamais été question d'utiliser un "Sarco" cette semaine en Valais, contrairement à ce qu'indiquait la presse dominicale. 

"Mesure provisionnelle préventive"

Invité de Forum, Cédric Dessimoz, médecin cantonal adjoint en Valais, précise que la décision du médecin cantonal est une "mesure provisionnelle préventive dans un but de santé publique", expliquant que les autorités attendent d'avoir "des renseignements et des informations plus conséquentes sur le dispositif et son utilisation".

Il explique également "qu'il y a tout un dispositif et des bases légales solides en Suisse pour effectuer une procédure de suicide assisté. Il y a des organismes qui sont reconnus pour ça et qui respectent les bases légales, y compris le code pénal. [...] Et actuellement, avec les informations que nous avons eues, [...] nous ne savons pas comment cette organisation procéderait pour un éventuel suicide assisté en Suisse ou en Valais".

Le médecin cantonal adjoint rappelle enfin que, en Suisse, "actuellement, pour la procédure de suicide assisté, il y a toujours besoin d'un médecin qui intervient dans le processus, notamment pour évaluer la capacité de discernement."

Sujet radio: Romain Carrupt

Adaptation web: Julien Furrer

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