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Le Valais veut mieux prendre en charge les victimes de violences domestiques

Le Valais a voté la modification de sa loi sur les violences domestiques pour améliorer l'aide aux victimes
Le Valais a voté la modification de sa loi sur les violences domestiques pour améliorer l'aide aux victimes / 19h30 / 2 min. / le 14 novembre 2024
Le Parlement valaisan a adopté jeudi un nouveau plan d'action contre les violences domestiques. Celui-ci prévoit d'améliorer la prise en charge des victimes et de diminuer les risques de récidive des agresseurs.

"En Suisse, une personne meurt toutes les deux semaines de violences domestiques. La violence n'épargne aucune catégorie de la population. Elle n'a pas d'âge, pas de classe sociale, elle a lieu partout, y compris dans notre canton", avait rappelé mardi en plénum le conseiller d'Etat Mathias Reynard.

En 2022, en Valais, les services de police sont intervenus 377 fois, soit plus qu'une fois par jour, et "on sait bien que ce n'est que la pointe de l'iceberg", a souligné celui qui est en charge du Département de la santé, des affaires sociales et de la culture.

Dans 87% des cas, les victimes sont des femmes. "Ceux qui insultent, qui frappent, qui harcèlent, qui abusent, qui violent ne sont pas les monstres imaginaires. Ce sont des hommes ordinaires." Il s'agit d'un fléau systémique, mais "la violence est un comportement que l'on peut désapprendre", a ajouté le Valaisan.

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Un manque de considération

Jeanne*, fait partie de ces victimes qui ont dû se battre pour se faire entendre. Elle a été victime de violences conjugales durant plusieurs années. Le jour où elle a décidé de se séparer, son conjoint de l'époque l'a séquestré et violé. Après avoir fui par la fenêtre du troisième étage, elle a immédiatement déposé plainte.

"Je n'ai pas du tout été prise au sérieux et entendue. On m'a jugé et on n'a pas pris en compte les éléments de preuves, une vidéo du viol en question", témoigne-t-elle jeudi dans le 19h30 de la RTS. "J'ai ensuite été à deux procès, où [mon conjoint] a été innocenté les deux fois", avant d'être reconnu coupable au Tribunal fédéral, "uniquement sur le viol", poursuit-elle.

Afin d'améliorer la protection et la reconnaissance des victimes, le Parlement valaisan a entériné jeudi en une lecture sa révision de la loi sur les violences domestiques. Il a soutenu le nouveau texte par 98 voix contre 19. Seule l'UDC s'y est opposée, refusant cette révision jugée, en substance, inaboutie et qui aurait mérité, selon elle, une deuxième lecture. "Satisfaits", Le Centre du Valais romand, le PLR, le PS et les Vert-e-s ont de leur côté salué une loi qui améliore la situation actuelle.

Trois entretiens au lieu d'un

La révision de la loi s'articule autour de trois grands axes. Tout d'abord, les enfants confrontés aux violences domestiques ne seront désormais plus considérés comme des témoins, mais comme des victimes à part entière, même s'ils n'ont pas directement subi des coups, en raison "du fort potentiel traumatisant".

Les auteurs présumés de violence seront également astreints à trois entretiens sociothérapeutiques au lieu d'un seul, afin de diminuer les risques de récidive et "favoriser une vraie prise de conscience". Ces entretiens deviennent obligatoires non seulement pour les agresseurs présumés expulsés du domicile, mais aussi pour ceux sous le coup d'une mesure d'éloignement ou d'interdiction de contact prononcée par un tribunal.

La gauche plaidait pour cinq entretiens, l'UDC pour le statu quo. Le Parlement a suivi la proposition du gouvernement. Le plénum a aussi accepté que le coût des trois premiers entretiens soit pris en charge par le canton. Les auteurs qui souhaitent continuer ce suivi devront payer de leur poche ou demander une subvention. Ce point a été longuement débattu: plusieurs députés auraient souhaité que les agresseurs présumés "assument leurs actes et la totalité des coûts".

Une protection proactive

Enfin, la circulation des informations entre les autorités et les services ou institutions spécialisées qui doivent traiter les cas de violence domestique sera améliorée. La police communiquera automatiquement les coordonnées des victimes et auteurs présumés aux centres de consultation. Le nouveau texte prévoit une prise de contact proactive des centres spécialisés avec la victime, mais aussi avec l'agresseur, quelques jours après les faits. Cette prise de contact incombe aujourd'hui aux victimes et aux auteurs de violence.

"Ce seront des outils très pratiques qui nous permettront d'améliorer l'aide aux victimes et d'éviter la récidive", appuie dans le 19h30 Sonia Golay, responsable cantonale au centre valaisan LAVI.

>> Revoir l'interview intégrale de Mathilde Boyer dans le 19h30 :

La doctorante Mathilde Boyer nous livre son analyse de la modification de la loi valaisanne sur les violences domestiques
La doctorante Mathilde Boyer nous livre son analyse de la modification de la loi valaisanne sur les violences domestiques / 19h30 / 3 min. / le 14 novembre 2024

La nouvelle loi introduit par ailleurs la récolte centralisée et anonyme de données concernant les violences domestiques et leur publication périodique. Pour Mathias Reynard, qui salue une loi "ambitieuse et efficace", d'autres mesures doivent désormais être envisagées, notamment celle du bracelet électronique.

*Prénom d'emprunt

Sujet TV: Yannick Bacher

Article web: iar avec l'ats

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