Aujourd'hui, moins de la moitié des médecins se plie à des gardes en Valais. Cette taxe vise donc à inciter les docteurs à faire des jours de garde pour répondre aux difficultés rencontrées par les services d'urgence.
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Concrètement, chaque association professionnelle aura la possibilité d'introduire une taxe pour la branche qu'elle représente à celles et ceux qui seront exemptés de garde. Le prélèvement est donc facultatif et le montant ne pourra pas excéder 12'000 francs par an et par personne.
L'argent récolté servira à améliorer la rémunération pour celles et ceux qui exercent la garde, permettant également de la rendre plus attrayante financièrement.
Mesure critiquée
L'introduction de cette taxe ne fait cependant pas l'unanimité, tant au niveau politique que dans le milieu médical. Plusieurs députés de l'UDC y étaient en effet opposés et ont voté pour supprimer cet article du projet de révision de la loi. Selon eux, la réglementation actuelle est suffisante et une taxe ne se justifie pas.
La Société médicale du Valais (SMVS) s'est également prononcée contre, dénonçant "un faux problème et une fausse solution". Le canton faisant actuellement face à une forte pénurie de médecins, la SMVS ne mettra pas en vigueur cette taxe, car elle estime qu'elle ne ferait qu'empirer les conditions-cadres pour les soignants.
"Ce n'est pas en essayant de presser le citron encore davantage que vous allez avoir une prise en charge de meilleure qualité", affirme la doctoresse Monique Lehky Hagen, présidente de la SMVS, dans l'émission Forum. Pour elle, cette taxe aurait un effet contre-productif qui découragerait les médecins "qui sont vraiment à bout de souffle en Valais".
Solution plus globale
Monique Lehky Hagen souligne par ailleurs que cette loi se trompe de cible. Il faudrait selon elle avoir une vision plus globale du problème. "L'engorgement des urgences est directement lié à la pénurie de médecins installés", dit-elle. "Il n'y a pas que la garde de nuit qui compte. Tous les médecins, dans leur cabinet, prennent en charge des patients le jour même, mais s'ils sont complètement débordés, ils ne pourront pas le faire et donc ça se déplace sur les urgences."
La présidente de la Société médicale du Valais estime donc que les conditions-cadres pour les médecins ambulatoires, les spécialistes, ainsi que les généralistes doivent être améliorées afin d'offrir davantage d'accès aux soins de premiers recours et ainsi pouvoir résoudre les problèmes liés aux services d'urgence.
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"Je comprends que les gens, quand ils n'ont pas la possibilité d'atteindre un médecin, vont par réflexe aux urgences. Donc nous devons leur expliquer quels autres moyens ils ont", ajoute encore Monique Lehky Hagen, rappelant qu'il est possible de recevoir des conseils téléphoniques ou encore de la part d'un pharmacien.
Sujet radio et propos recueillis: Emilien Verdon et Renaud Malik
Adaptation web: Emilie Délétroz
Mesure similaire dans d'autres cantons
Le Valais n'est pas le premier canton à adopter une telle taxe. Vaud et Berne l'ont par exemple déjà introduite depuis plusieurs années, tout comme Fribourg, où elle a plutôt eu un effet positif selon sa Société de médecine. Les cas où elle est appliquée restent cependant rares.
D'autres cantons réfléchissent à des solutions différentes. Genève travaille par exemple sur un système d'astreinte à la garde pour les médecins de ville. Des discussions sont actuellement en cours entre les autorités cantonales et l'Association des médecins genevois. Un groupe de travail doit amener une réponse d'ici novembre.