#MeToo dans le secteur de la santé: plusieurs médecins privés ont été sanctionnés en Valais
Les témoignages de harcèlement moral et de violence sexiste dans le monde médical affluent sur les réseaux sociaux en Suisse, après la France. Des soignants dénoncent l'omerta et l'impunité dans le milieu.
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Le canton du Valais n'est pas épargné par les cas problématiques, a admis Mathias Reynard dans La Matinale, alors que 6000 soignants travaillent dans les neuf institutions de soins valaisannes (hôpitaux publics et cliniques privées). Le conseiller d'Etat en charge de la Santé a toutefois précisé qu'il était difficile de donner des chiffres précis sur l'ampleur du phénomène dans le canton, car il y a différents organes qui recueillent les plaintes.
Il y a "sans doute" des médecins au comportement toxique en Valais, "comme il y a en dans tous les cantons" et dans "d'autres corps de métier", selon Mathias Reynard. Pour le socialiste, il y a une concentration du pouvoir et un rapport de force dans le secteur de la santé qui renforcent les risques d'abus et de harcèlement, citant une structure hiérarchique et pyramidale avec des écarts de salaires, de conditions et de situations entre les professions. "La structure sanitaire est en plein changement", s'est toutefois réjoui Mathias Reynard, même "si ça prend trop de temps".
Remarques sexistes et attouchements
Plusieurs cas ont été rapportés dans les différents organes chargés de repérer les comportements problématiques en Valais. Mathias Reynard a évoqué des "blagues" sexistes, des commentaires, des remarques et jusqu'à "des cas qui sont plus graves, d'attouchements et autres". Qui est concerné? Le conseiller d'Etat a cité des cas "d'un médecin sur une infirmière, d'un médecin sur une étudiante en médecine qui fait sa formation ou sur des patients".
"Il m'est déjà arrivé malheureusement à plusieurs reprises durant cette législature de devoir prendre des sanctions contre des médecins", a indiqué Mathias Reynard. "Heureusement que ces choses remontent", a souligné le ministre. Si le nombre de cas dénoncés est en augmentation, c'est le signe justement que "la parole se libère", analyse le ministre. Pour lui, "la peur ne doit pas être chez la victime (...), elle doit être chez la personne qui a harcelé, qui doit craindre non seulement de perdre son emploi, mais aussi d'avoir beaucoup de difficultés d'en retrouver un après".
Bientôt une campagne contre le harcèlement dans les milieux hospitaliers?
Le canton du Valais a mis en place un plan d'action sur toute la législature contre le harcèlement, qui a commencé avec le harcèlement de rue, a souligné Mathias Reynard. Le ministre souhaite à présent développer les campagnes de harcèlement dans les milieux hospitaliers. La proposition sera faite à l'hôpital du Valais, a-t-il précisé, citant notamment la "sensibilisation et la prévention", avec "de l'affichage et de l'information".
Pour Mathias Reynard, la campagne ne doit pas se focaliser uniquement sur les victimes, mais elle doit aussi mettre l'accent sur les témoins, "parce qu'on est trop souvent coupable par notre silence, parce qu'on laisse faire, parce qu'on laisse dire, parce qu'on rigole, parce qu'on n'agit pas". Il veut également viser les auteurs "parce que oui, il y a des cas extrêmement graves."
Mathias Reynard plaide également en faveur d'un changement au niveau du Code pénal et de la loi sur l'égalité, au niveau fédéral, car actuellement "l'entier de la charge pour prouver le cas de harcèlement repose sur la victime (...), il faut un allègement du fardeau de la preuve."
Sujet radio: Pietro Bugnon
Adaptation web: Julie Liardet
Les médecins privés sous surveillance de l'Etat du Valais
La surveillance des médecins installés, comme les médecins privés généralistes, est du ressort du canton, a expliqué le conseiller d'Etat valaisan Mathias Reynard dans La Matinale de la RTS vendredi. Lorsque des cas remontent au Service de la santé, des sanctions sont prononcées, du "simple blâme à une amende, jusqu'à l'interdiction de pratique, avec toute une série de mesures entre deux", a détaillé le ministre. Pour lui, il faut "agir avec la plus grande fermeté et appliquer la tolérance zéro. C'est une question de crédibilité et de signal politique qui doit être lancé".
En revanche, l'Hôpital du Valais est parapublique, avec une direction et une structure propres, a précisé le conseiller d'Etat. "Ce n'est pas comme le CHUV à Lausanne qui fait partie directement de l'État." En Valais, "la responsabilité des ressources humaines n'est pas du ressort du Conseil d'État, mais de la direction de l'hôpital", qui informe ensuite le Service de la santé.