Personne n'a anticipé ces événements, explique Raphaël Mayoraz un mois après les intempéries en Valais
Le 21 juin, puis le 30 juin, à une semaine d'intervalle, Raphaël Mayoraz, chef du service des dangers naturels du canton du Valais, a vécu sur le terrain deux épisodes de crues intenses. "La nuit la plus difficile a été celle de samedi à dimanche lors de la deuxième crue. Parce que les événements qui se sont produits n’avaient été anticipés ni par la météorologie, ni par les simulations de crues", a-t-il témoigné lundi dans La Matinale de la RTS.
Samedi après-midi, la situation semblait normale et sous contrôle, ressemblant à la crue précédente. "Nous pensions donc que nous aurions une crue de la même ampleur, sans grands dégâts. La prévision météo n'a pas vu venir ce prolongement de situation tout au cours de la nuit", souligne le géologue cantonal.
En réalité, dans certains endroits, il faudra des années pour tout remettre comme avant. A condition d'y arriver.
Aujourd'hui, certaines régions sont encore défigurées par les laves torrentielles et les crues. Dans de nombreux endroits, des travaux restent à réaliser et il faudra des années pour leur rendre leur état d’origine.
Priorités et défis post-intempéries
Depuis une semaine, les précipitations sont revenues à la normale, permettant aux terrains de s’assécher. La vague de chaleur actuelle, bien qu’elle ne soit pas favorable du point de vue des développements orageux et de la fonte des glaciers, contribue à la stabilité des terrains, explique Raphaël Mayoraz.
Les autorités cantonales analysent actuellement toutes les options possibles pour rétablir et sécuriser les accès routiers et les cours d’eau. Le spécialiste souligne que la priorité la plus urgente est de reloger les personnes évacuées, soit en leur permettant de retourner chez elles, soit en trouvant d’autres solutions.
Sur le long terme, il y a un besoin d’améliorer la gestion intégrée des risques, qui n’a pas été pleinement appliquée, affirme-t-il. "On se retrouve avec des situations dans lesquelles les personnes sont complètement démunies par rapport à ce qui arrive alors que le risque est connu. En matière de prévention, on a un très gros travail à faire".
Nécessité d’interventions rapides
Les mesures d’urgence à Sierre et Chippis concernent principalement les ponts, qui ont joué un rôle crucial lors du dernier débordement. Des mesures de sécurisation temporaires sont envisagées pour éviter de se retrouver dans la même situation l’année prochaine.
"Cependant, les mesures qui doivent être prises sur le Rhône prendront plusieurs années", explique Raphaël Mayoraz. "Intervenir sur un cours d’eau de cette importance ne peut pas se faire en une année. On ne peut travailler qu’en hiver, quand le niveau des eaux est très bas. Ces travaux importants prendront quatre ou cinq ans", explique-t-il.
Certaines digues sont vraiment en très mauvais état [...]. Il faut intervenir de manière très rapide.
Ayant enfin trouvé un accord sur le dimensionnement à réaliser, Raphaël Mayoraz estime qu'il est temps de mettre en avant les chantiers.
Selon lui, une partie du projet associé à la troisième correction du Rhône doit être accélérée. Pour augmenter l’efficacité, d’autres aspects du projet doivent être réorientés. "Il y a des digues qui sont vraiment en très mauvais état, et le projet prévoit d'intervenir dans 20 ans seulement. Il y a réellement des endroits où il faut intervenir de manière très rapide", alerte-t-il.
Propos recueillis par: Aleksandra Planinic
Adaptation web: Miroslav Mares
Certains habitants ne pourront jamais retourner chez eux
Francesco et Antonietta Sido, résidents du quartier de Sous-Géronde à Sierre depuis 45 ans, sont confrontés à une cruelle réalité: ils ne pourront plus jamais revivre dans leur appartement, car le bâtiment est maintenant menacé d’effondrement.
L’arrivée soudaine de l’eau les a forcés à fuir précipitamment. Pour cette famille, le retour pour trier les souvenirs et récupérer les dernières affaires est difficile. "L’angoisse est toujours présente. […] Nous n’oublierons jamais cet événement", confie Antonietta. En quête d’un nouveau logement en urgence pour sa famille, elle estime avoir été "abandonnée".
Pas de redémarrage avant la fin du mois de septembre
Compte tenu de l’ampleur des dégâts, plusieurs entreprises touchées devront elles patienter avant de pouvoir rouvrir leurs portes.
Une partie de l’industrie sierroise demeure à l’arrêt. Novelis, une usine spécialisée dans la fabrication de produits en aluminium, a été totalement inondée lors des intempéries. Le site ne redémarrera pas avant fin du mois de septembre, a indiqué dans La Matinale Serge Gaudin, le directeur de l'entreprise.
De plus, certains clients de Novelis commencent à ressentir une pénurie de composants. Porsche, par exemple, a annoncé qu’elle pourrait être contrainte de réduire sa production.
Le coût exact des dégâts reste inconnu, mais il est déjà estimé à plusieurs millions de francs.
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Au Tessin, la reconstruction s'organise
La catastrophe a défiguré le paysage du haut du Val Maggia. Elle a aussi fait sept victimes, un jeune homme de la vallée restant en outre toujours introuvable. Malgré la douleur, les efforts de reconstruction sont en cours.