Raphaël Mayoraz: les intempéries "en milieu alpin" se répètent et sont dures à prévoir
"On arrive difficilement à maîtriser la météo et la climatologie donc je ne sais pas comment on pourrait aller plus vite en termes d'avertissement et de prévention", indique Raphaël Mayoraz au micro de la RTS vendredi. "Je n'aime pas la phrase qui dit que le risque zéro n'existe pas, mais c'est une réalité. Donc, je pense qu'il faut faire avec et qu'il faut faire preuve de bon sens".
L'Office du tourisme de Saas-Fe a indiqué que la route pour rejoindre Eisten ne serait pas accessible avant dimanche soir, au moins (lire encadré). Un point de situation avec l'Etat-Major de crise de la vallée de Saas est prévu vendredi à 15h00.
"On ne peut rien changer. C'est la nature"
Au buffet de la gare de Stalden, René, un habitant de la région constate les dégâts, impuissant. "Je pense que ceux qui habitent dans la vallée de Saas ou de Zermatt commencent à en avoir marre car c'est la deuxième fois de suite (qu'ils sont touchés par de telles intempéries, ndlr). Ça fait mal", témoigne-t-il au micro de La Matinale de vendredi.
"Mais on doit faire avec, on ne peut rien changer. C'est la nature", se résigne-t-il.
Le président de la commune de Stalden, Bruno Ruppen, partage cet avis. Il a "une impression de déjà-vu".
Evénements normaux "en milieu alpin"
Raphaël Mayoraz note que ces événements ont "toujours existé" en milieu alpin. Le problème, selon lui, est qu'ils sont si fréquents que l'on "n'a pas le temps de les oublier".
Entre 100 et 150 pelles mécaniques ont travaillé uniquement à remettre les cours d'eau en état dans le canton après les intempéries du 30 juin
"On veut absolument que la route soit ouverte (...) Mais on oublie très vite que la plupart des vallées latérales n'ont qu'un accès (lire encadré). Donc, il suffit d'un petit événement pour qu'elles soient coupées, peut-être quelques heures ou plusieurs semaines comme sur le Haut Val de Bagnes. Ça, c'est une réalité", insiste-t-il.
D'ailleurs, Raphaël Mayoraz concède qu'il n'y a "jamais vraiment" eu de retour à la normale complet depuis les intempéries de juin.
"Toutes les berges ont été un petit peu endommagées. Les remises en état faites jusqu'à maintenant sont des travaux de fortune et pas des renforcements complets. Donc, il y a encore énormément de travail à faire pour revenir à la situation antérieure", détaille-t-il.
Des travaux ont aussitôt commencé avec des mesures d'urgence pendant les intempéries. "Entre 100 et 150 pelles mécaniques ont travaillé uniquement à remettre les cours d'eau en état dans le canton".
>> A ce propos, relire : Un mort dans une lave torrentielle à Saas-Grund, le niveau du Rhône en baisse après une crue historique
Cependant, les travaux doivent continuer, soutient le chef du Service valaisan des dangers naturels. "C''est clair que maintenant, il y a des travaux à faire rapidement, c'est-à-dire dans les mois et les une ou deux années". Ils ne doivent "pas attendre et doivent être faits en urgence pour pouvoir rattraper ce déficit et, j'espère même, améliorer la situation", martèle-t-il.
Propos recueillis pas Valérie Hauert
Adaptation web: Julie Marty
La route de Saas-Fee encore coupée
La station de Saas-Fee reste coupée du monde vendredi matin, au lendemain de violentes intempéries qui ont touché le Valais dans la nuit de mercredi à jeudi. Les pelles mécaniques ont œuvré toute la journée pour tenter de dégager les accès, permettant la réouverture de la route entre Saas Grund et Saas-Almagell.
>> Pour en savoir plus, lire : La vallée de Saas toujours coupée du monde, mais la situation s'améliore ailleurs en Valais
Mais avant de pouvoir rouvrir la route, il faut "inspecter le haut pour voir si c'était uniquement une lave torrentielle ou s'il n'y a pas une partie d'éboulement qui s'est joint au phénomène", précise le chef du Service valaisan des dangers naturels, qui assure que ce sont bel et bien "les précipitations qui ont déclenché l'événement".
En attendant la réouverture, 2200 personnes — habitants et touristes — sont bloquées dans la commune et ne peuvent la quitter par les airs qu'en cas de nécessité absolue.
Le Parcours Gastronomique Nostalgique, une manifestation importante prévue dimanche, a été annulée.
Difficile de garantir l'accès aux vallées tout le temps
Concernant les solutions qui pourraient être envisagées pour garantir l'accès tout le temps aux vallées latérales, Raphaël Mayoraz estime que tout dépend du terrain.
>> Lire également : Lourtier et le Haut Val de Bagnes à nouveau accessibles par la route principale
Pour "la vallée de Saas, la route est unique sur plusieurs kilomètres" et l'installation d'un téléphérique, comme à Sarreyer, représenterait "des dizaines de millions" de francs. Entre Champsec et Sarreyer, une liaison directe via un téléphérique provisoire est prévue par le canton. De quoi s’affranchir de la traversée du torrent du Fregnoley. Les coûts sont estimés à 3,9 millions de francs
"Ce n'est pas si simple de garantir l'accès tout le temps avec les moyens qu'on a (...) Je pense que c'est mieux d'avoir un peu de résilience et de savoir faire 'le gros dos' quand il y a des événements qui nous impactent", conclut-il.
>> Pour aller plus loin sur les solutions pour permettre un accès aux vallées même si la route d'accès est coupée, lire : Télécabines et téléphériques: la parade valaisanne pour assurer les liaisons entre la plaine et la montagne?