Télécabines et téléphériques: la parade valaisanne pour assurer les liaisons entre la plaine et la montagne?
Lorsque la route était coupée entre Riddes et La Tzoumaz pendant cinq mois cette année, l'accès privilégié à la station a notamment été le téléphérique jusqu'à Isérables, à mi-parcours. Celui-ci a garanti une desserte jusqu'à début juin et la réouverture du tunnel.
Aujourd'hui, certains continuent à l'emprunter, en raison de ses nombreux avantages. "Je le prends tous les jours, matin et soir. Il n'y a pas trop de monde et pour la personne qui travaille sur Riddes, il n'y a que des avantages", explique un habitant d'Isérables. "Le téléphérique, c'est six minutes, alors qu'en voiture, c'est 20 ou 25 minutes", ajoute une autre usagère. Outre la vue et le calme, tous les voyageurs décrivent un transport "très pratique".
Un projet de télécabine entre Riddes et La Tzoumaz
Fort de ces retours positifs, la commune de Riddes souhaite étendre l'expérience. Depuis plusieurs années, elle a en tête un projet de télécabine reliant directement la gare de Riddes à La Tzoumaz, en s'arrêtant par la grande zone commerciale en plaine. Cette esquisse de liaison câblée a d'ailleurs été reconnue comme transport public par l'Office fédéral des transports (OFT). Une décision importante, puisqu'elle permet d'obtenir un financement auprès de la Confédération.
Le projet va donc de l'avant et la révision du plan d'affection de zone vient d'être mis à l'étude. Une séance d'information publique a été organisée pour le présenter à la population mi-juin. Et sur les 130 personnes qui se sont déplacées, la plupart étaient enthousiastes. "In fine, je pense que la grande majorité des citoyens, qu'ils soient de plaine ou de la Tzoumaz, notamment les commerçants, les restaurateurs et tous les acteurs du secteur touristique, attendent ce projet avec grande impatience", résume jeudi auprès de La Matinale Christel Duc, présidente de la commune de Riddes.
"Il y a aussi des intérêts privés qu'on comprend, qu'on respecte et avec lesquels on est prêt à continuer d'échanger. Je pense qu'il est important de garder le dialogue", ajoute-t-elle toutefois. Les discussions seront particulièrement importantes avec les propriétaires concernés par le tracé. La remontée mécanique doit en effet passer la rampe des différentes mises à l'enquête et éventuelles oppositions. Au final, l'ouvrage ne devrait pas être réalisé avant 2030.
La réalité du terrain
L'idée d'une télécabine entre Riddes et La Tzoumaz n'est pas unique en Valais. En tout, le canton compte sept esquisses de liaison câblées plaine-montagne à un stade avancé, et plusieurs autres encore en projet. On peut notamment citer les lignes Vionnaz-Torgon, Saint-Maurice-Vérossaz ou encore Conthey-Haute-Nendaz: cette dernière étant le projet le plus abouti.
Ces diverses propositions sont toutefois parsemées de difficultés et contraintes techniques. La remontée mécanique entre Riddes et La Tzoumaz devra par exemple survoler plusieurs obstacles, comme l'autoroute, le viaduc, les voies CFF ou encore les lignes à haute tension que l'on trouve au sud du village au moment où l'installation monte en direction de La Tzoumaz.
"Cela implique des normes sécuritaires et des contraintes qui ne sont pas complètement réglées à ce jour. Mais il y a déjà des contacts très étroits qui ont été pris et des analyses et études qui ont déjà été faites par notre bureau d'ingénieurs", relate Christel Duc.
Les procédures administratives
Outre le fait de devoir s'adapter à la réalité du terrain, ces liaisons câblées entre la plaine et la montagne doivent aussi faire face aux procédures administratives, qui peuvent arrêter, bloquer ou ralentir les projets de construction.
La ligne qui doit relier Sion au Mayen de l'Ours en est un bon exemple. Depuis plusieurs années, le projet fait l'objet de nombreuses oppositions. "C'est un peu une caractéristique chez nous. On a un droit privé qui est très bien protégé en Suisse, avec des possibilités de recours et d'opposition qui existent (...) et qui ont quand même des incidences réelles sur la réalisation", témoigne Gilles Delèze, responsable des projets de remontées mécaniques au service valaisan de la mobilité. "Mais c'est valable pour tous les projets. Qu'ils soient grands ou petits, c'est la même chose", détaille-t-il encore.
Pour la ligne entre Sion et le Mayen de l'Ours, l'autre problème est que le télécabine n'a pas été reconnu comme transport public. La réalisation de l'ouvrage devra donc se faire sans le financement de la Confédération.
Emilien Verdon/ther