Tollé autour de la nomination de Yannick Buttet à la tête de la Chambre valaisanne de tourisme
Les signataires s'opposent à ce que l'ancien conseiller national valaisan Yannick Buttet (PDC) se retrouve à la tête d'une association pour laquelle travaille l'une de ses victimes.
Les réactions sont très vives dans son canton, mais également au niveau national. Le Collectif Femmes Valais et les Femmes du Centre Suisse ont rédigé des communiqués de presse courroucés.
Les sections Femmes des partis politiques valaisans ont fait de même, mais pour dénoncer surtout la sous-représentation féminine dans les cercles de pouvoir du canton. Ce mercredi matin dans le Blick, une Centriste du Haut-Valais a répété son agacement, partagé par de nombreux courriers de lecteurs.
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Incompréhension
Toutes ces personnes ne comprennent pas comment la faîtière du tourisme a pu élire, à l'unanimité de la cinquantaine de membres présents, Yannick Buttet, alors que celui-ci a été condamné, il y a trois ans pour attouchements à caractère sexuel, sur une employée de Valais/Wallis Promotion. Une nouvelle affaire qui l'avait poussé à lâcher la présidence de la commune de Collombey-Muraz.
Je ne suis pas Valaisanne, mais j'y vais en tant que touriste pour skier, et je trouve que Yannick Buttet n'est vraiment pas la meilleure carte de visite pour le Valais
Invitée dans Forum, Christina Bachmann-Roth, présidente de la section Femmes du parti Le Centre au niveau suisse, le répète: le fait que Yannick Buttet travaillerait avec l'une de ses victimes ne passe vraiment pas. C'est irrespectueux non seulement pour elle, mais aussi pour toutes les femmes qui ont vécu du harcèlement sexuel, souligne-t-elle.
"Il a le droit d'être pardonné, mais c'est encore trop tôt pour revenir. Et il y a sûrement d'autres personnes qui ont les compétences. Il faudrait au moins leur donner une chance avant d'engager Yannick Buttet", estime-t-elle au micro de Forum. Avant d'ajouter: "Je ne suis pas Valaisanne, mais j'y vais en tant que touriste, et je trouve qu'il n'est vraiment pas la meilleure carte de visite pour le Valais."
Sans compter que les faîtières économiques du canton alpin sont trop souvent dirigées par des hommes, dans près de 90% des cas, selon elle. "Je suis sûre que l'on pourrait trouver des femmes", déplore-t-elle, regrettant le manque de transparence du processus qui a mené à l'engagement de Yannick Buttet.
Nombreuses interrogations
Dès lors, comment expliquer que Yannick Buttet ait été choisi trois ans après avoir quitté le Conseil national, sur fond d'accusations de harcèlement sexuel de la part de six femmes dont quatre conseillères nationales, et deux ans après sa condamnation pour contrainte vis-à-vis de son ancienne maîtresse?
L'association cherchait quelqu'un qui ait du réseau à Berne, comme le justifie Luc Fellay, l'un des vice-présidents. Comme les élus approchés ont décliné, le comité s'est tourné vers d'anciens parlementaires PDC, à savoir Thomas Egger et Yannick Buttet. Mais c'est uniquement ce dernier qui a été proposé à l'Assemblée générale, par un comité divisé. "Il a le réseau et les compétences nécessaires", justifie-t-il.
Une déclaration qui fait sourire en Valais, où l'on sait Yannick Buttet à la tête d'une société immobilière, et non pas d'un hôtel, d'un domaine skiable ou d'un magasin de ski. La Chambre valaisanne de tourisme rétorque toutefois qu'il a touché aux questions touristiques avec plusieurs de ces mandats.
Destin de Yannick Buttet débattu en août
Soutenu, le politicien expérimenté qu'il a été se doutait certainement que sa nomination allait faire polémique. Mais son envie de revenir sur le devant de la scène était visiblement plus forte. Il faut savoir que la Chambre valaisanne de tourisme est l'une des antichambres de la politique valaisanne. Cette politique qui attire toujours autant Yannick Buttet, qui dans une interview récente sur un blog donnait l'impression de rêver d'une résurrection à la Pierre Maudet.
Yannick Buttet jouit toujours d'une certaine aura sur les réseaux sociaux, dans sa région du Chablais et auprès d'une partie de son ancien parti. S'il a décliné la demande d'interview de la RTS, il a déclaré que dans le cas où le comité lui demanderait de démissionner, il le ferait.
Le comité de la Chambre valaisanne de tourisme débattra du destin de Yannick Buttet. Mais pas avant sa prochaine séance, prévue le mois prochain.
Romain Carrupt/fgn
Interrogé jeudi soir dans Forum, Luc Fellay, l'un des vice-présidents de la Chambre valaisanne de tourisme, a défendu la nomination de Yannick Buttet à la tête de la Chambre valaisanne de tourisme. "