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Un chanoine de St-Maurice a entamé une grève de la faim pour demander sa réhabilitation

Un homme accusé dans l'affaire des abus sexuels à l'Abbaye de Saint-Maurice (VS) veut être réhabilité. [Keystone - Olivier Maire]
Le curé Gilles Roduit entame une grève de la faim pour être réhabilité à l’Abbaye de Saint-Maurice / Le 12h30 / 1 min. / le 7 mai 2024
Ecarté de sa fonction de curé-doyen dans le sillage des révélations d'abus sexuels de novembre dernier, le chanoine Gilles Roduit de l'abbaye de St-Maurice (VS) a entamé une grève de la faim vendredi. Il veut retrouver son poste. Si l'abbaye appuie sa demande, le diocèse de Sion n'a pas encore donné son feu vert.

"Aujourd'hui, simplement, je demande justice. Je n'aurais jamais pensé en arriver là, mais pour moi la chose est devenue insupportable, invivable", a confié le prêtre sur les ondes de Rhône FM.

"Tant que je n'ai pas une parole officielle sur ma situation, je ne peux pas exister", ajoute-t-il. Des propos qui avaient déjà été relayés sur le site de 24 heures lundi soir.

Une manière d'enquêter lacunaire?

Le diocèse de Sion et les responsables de l'abbaye avaient demandé à Gilles Roduit, qui officiait comme curé-doyen du secteur de Saint-Maurice pour les deux institutions, de se mettre en retrait, dans le sillage de la diffusion de l'émission Mise au Point de la RTS qui dévoilait des cas d'abus sexuels au sein de l'abbaye, le temps d'établir les faits. Ce qu'il avait accepté.

Dans l'émission, diffusée en novembre 2023, une ancienne paroissienne, âgée de 12 ans au moment des faits, accusait le chanoine d’attouchements. Citant un rapport de police, l'émission s'interrogeait aussi sur l'enquête qui aurait été menée de manière lacunaire.

>> Relire l'enquête de Mise au Point : Prêtres pédophiles, abus sexuels: les secrets de l'Abbaye de Saint-Maurice

"Par rapport à ce qui m'est reproché, j'ai la conscience tranquille. Je ne suis pas le bourreau de cette victime", affirme Gilles Roduit. Il rappelle que l'affaire avait abouti à un arrêt de non-lieu en 2005, une décision de non-réouverture de procédure en 2021 et une décision de confirmation de non-réouverture en 2022. Le cas a été soumis au Saint-Siège par une victime du chanoine. Suite à cela, Rome n'a pas sanctionné le prêtre.

Soutien de l'abbaye

"Ma grève de la faim ira jusqu'à ce que justice soit faite. C'est-à-dire qu'on me rétablisse dans mes fonctions ou qu'on me dise qu'il y a des doutes sérieux et qu'on me fasse un procès", souligne encore celui qui souhaite retrouver son poste de curé-doyen.

Mardi, l'abbaye de St-Maurice a dit soutenir Gilles Roduit. "Moi-même et l'abbaye, nous souhaitons qu'il reprenne son ministère. Nous pensons que c'est juste qu'il soit remis dans sa charge", précise Jean-Michel Girard, administrateur apostolique nommé par le pape François pour diriger l'institution après la révélation de cas d'abus sexuels. Il souligne que "le Conseil de Communauté de la paroisse de Saint-Maurice souhaite aussi cette reprise".

En février déjà, l'abbaye avait unilatéralement annoncé qu'elle levait les mesures provisoires à son encontre, s’appuyant sur les décisions de la justice civile et celles du Vatican.

D'autres considérations nécessaires

Egalement contacté mardi, le diocèse de Sion rappelle, lui, que la mesure de mise en retrait n'est pas encore levée. "Il considère que la réhabilitation de Gilles Roduit ne peut pas uniquement se baser sur des décisions de justice déjà connues depuis longtemps au moment de sa mise en retrait, mais doit comprendre des considérations ecclésiales et pastorales", explique son porte-parole Pierre-Yves Maillard.

Le vicaire général explique que la pratique aujourd'hui dans ce genre d'affaires est de prendre la chose au sérieux et de commander une enquête externe qui peut passer par l'appel aux témoignages ou la prise de contact avec des associations de victimes, afin de clarifier la situation. Le diocèse aurait souhaité que l'abbaye, dont est issu le chanoine, lance rapidement cet exercice.

Dans le secteur de Saint-Maurice, l'abbaye de St-Maurice et le diocèse de Sion se mettent d'accord pour la nomination des curés, car certaines paroisses du secteur dépendent du territoire abbatial et d'autres de l'évêque.

ats/miro

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