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Un enfant de 11 ans soupçonné de radicalisation interpellé en Valais

La police cantonale valaisanne a interpellé un garçon âgé de 11 ans qui avait posté des messages islamistes haineux sur les médias sociaux
La police cantonale valaisanne a interpellé un garçon âgé de 11 ans qui avait posté des messages islamistes haineux sur les médias sociaux / 19h30 / 2 min. / le 6 septembre 2024
La police cantonale valaisanne a interpellé un garçon âgé de 11 ans qui avait posté des messages islamistes haineux sur les médias sociaux, selon une information de la RTS et de SRF. Un jeune âge qui interroge, notamment quant à savoir s'il comprenait réellement ce qu'il était en train de faire.

Le tribunal des mineurs de Sion a confirmé les recherches de la RTS et de SRF selon lesquelles la police est intervenue début juin auprès d'un enfant de 11 ans. Le garçon aurait été interrogé par la police cantonale dans le cadre de la publication de "contenus racistes et discriminatoires dans les médias sociaux", selon le tribunal des mineurs.

L'enfant de 11 ans aurait admis avoir été en contact avec des personnes à l'étranger, probablement proches de mouvements extrémistes. Le tribunal des mineurs ne précise pas de quels mouvements il s'agit. Mais, selon les informations de la RTS et de SRF, les autorités partent du principe que le contexte est clairement islamiste et djihadiste.

D'autres investigations sont en cours

Les autorités valaisannes ont ouvert une procédure selon le droit pénal des mineurs à l'encontre de l'enfant, dont elles ne précisent pas la nationalité. La présomption d'innocence s'applique. Des mesures socio-éducatives ont apparemment été mises en place.

Le degré de radicalisation du jeune n'est pas établi, selon les autorités valaisannes. Des investigations supplémentaires sont en cours, précise le tribunal des mineurs.

Un jeune âge qui interroge

Il s'agit du suspect le plus jeune à avoir été appréhendé en Suisse pour une telle infraction depuis le début de l'année. Dans les cas de jeunes radicalisés islamistes rendus publics jusqu'à présent en Suisse depuis janvier 2024, la personne la plus jeune avait 14 ans.

Les autorités sécuritaires ont cependant alerté à plusieurs reprises sur le fait que des personnes de plus en plus jeunes sont sensibles à la propagande islamiste.

Mais à 11 ans, à quel point ce jeune garçon avait-il conscience des tenants et aboutissants de ce qu'il a posté sur les réseaux sociaux. Comprenait-il exactement ce qu'il faisait. Etait-il sous l'emprise d'un jeune plus âgé ou d'un adulte? L'enquête devra en déterminer s'il était véritablement ou non radicalisé.

>> Lire aussi : Des djihadistes suisses radicalisés de plus en plus jeunes 

Quelle capacité de discernement?

Interrogé dans Forum, le psychiatre Panteleimon Giannakopoulos, ancien directeur médical du pénitencier psychiatrique genevoise Curabilis, se dit aussi surpris par l'âge de ce jeune garçon. "En Europe, les radicalisations de mineurs se manifestent plus tard, à une phase plus avancée de la pré-adolescence, voire à l'adolescence. Ici la situation est assez précoce."

Pour cet expert, il faudra tout d'abord déterminer dans quelle mesure le jeune garçon a fondu son discours dans une foule de messages et a épousé un mouvement autour de la violence exprimée sur les réseaux sociaux, en y exprimant la colère et l'agressivité qu'il ressentait. "Mais que comprenait-il à cet âge-là, à un âge auquel on ne reconnaît normalement pas sur le plan légal une capacité de discernement pleine et entière dans d'autres domaines, notamment des sujets de santé."

>> L'interview de Panteleimon Giannakopoulos dans Forum :

Un jeune de 11 ans soupçonné de radicalisation par la justice valaisanne: interview de Panteleimon Giannakopoulos
Un jeune de 11 ans soupçonné de radicalisation par la justice valaisanne: interview de Panteleimon Giannakopoulos / Forum / 7 min. / le 6 septembre 2024

Daniel Glaus et Marc Menichini

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Plusieurs situations similaires

Les arrestations de mineurs soupçonnés de radicalisation se sont multipliées ces derniers mois en Suisse: deux à Genève, une dans le canton de Vaud, trois à Zurich et deux à Schaffhouse.

Contacté en mars dernier, le Service de renseignement de la Confédération (SRC) avait dit s'attendre à une augmentation des cas. La Suisse est donc confrontée, comme le reste de l'Europe, a un phénomène inquiétant.

Sur leurs téléphones portables, les jeunes peuvent très vite tomber sur de la propagande djihadiste, voire être en contact avec de fervents partisans de groupes terroristes. Dans ces cas-là, "la radicalisation sert d'ersatz identitaire", juge Panteleimon Giannakopoulos à savoir que quand il leur manque quelque chose pour grandir normalement, ils trouvent une mouvance, une croyance qui permet d'éviter de se confronter à la nécessité de grandir tout seul. Avec les réseaux, "ils trouvent la possibilité de se fondre dans un groupe, d'être invisibles".

Plusieurs experts dans le domaine appellent ainsi les parents et les proches à une vigilance accrue.

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