Une communauté adepte du prophète Raël existe toujours en Suisse

Au début des années 2000, le Français Claude Vorhilhon, dit Raël, souhaitait bâtir dans le canton du Valais une "ambassade raélienne, avec piste d'atterrissage pour extraterrestres". Ces derniers seraient les créateurs de la vie sur Terre, selon les raéliens. Les autorités n'avaient pas délivré le permis de construire, officiellement pour des questions de droit des constructions.

L'instigateur du mouvement a à nouveau tenté de s'installer en Valais en 2007, mais son autorisation de séjour a été refusée pour des motifs liés à l'ordre public et à la protection de la morale. Le canton craignait notamment des dérives sexuelles à l'égard de personnes mineures.

Les autorités soulignaient aussi l'interdiction légale du clonage, à une époque où Raël prétendait - sans jamais avoir pu apporter de preuves - que son mouvement avait cloné un bébé.

150 membres actifs en Suisse

Le discours sur la libération sexuelle et la promesse de vie éternelle au travers du clonage a séduit des adeptes en Suisse. Mais le mouvement, fondé en 1977 en France, a surtout plu grâce à "une effervescence autour des croyances extraterrestres", explique Manéli Farahmand, directrice du Centre intercantonal d'information sur les croyances (CIC) mercredi dans Forum.

Les membres encore actifs à ce jour - environ 150 en Suisse - font partie de cette première génération attirée par des valeurs anti-normatives, détaille-t-elle, estimant que le réseau ne dispose pas d'une importance numérique en Suisse.

Sans lieux de culte, cette communauté s'organise surtout autour d'activités et d’une présence sur les réseaux sociaux. Une quinzaine de personnes gravitent notamment autour de Miège, une commune proche de Sierre, où un chalet fait office de consulat des raéliens de Suisse. Dès la fin 2023, des affiches du mouvement se sont mises à réapparaître dans certaines gares du pays.

Des adeptes relativement aisés

Les profils des adeptes dépendent des contextes culturels et nationaux, explique la responsable du CIC. En Europe occidentale, les croyants proviennent surtout de la classe moyenne supérieure, voire de la petite bourgeoisie, et pratiquent des professions libérales.

Avec une forte dimension transnationale du mouvement, "il faut avoir les moyens de suivre Raël dans ses voyages", précise Manéli Farahmand, alors que le "leader charismatique" vit désormais au Japon.

Des accusations d’emprise

Dans le documentaire de Netflix, certaines voix accusent Raël d’emprise sexuelle vis-à-vis de ses "anges". Certaines de ces femmes, qualifiées d’esclaves sexuelles, s’engageaient à se réserver sexuellement à Raël et à ne jamais refuser de coucher avec lui.

"Raël, le prophète des extraterrestres" revient aussi sur la dimension financière du mouvement, où les membres devaient verser 10% de leur salaire à l’organisation et 1% supplémentaire à Raël lui-même.

>> Voir l'intervention complète de Manéli Farahmand :

Sujet et interview radio: Romain Carrupt et Cynthia Gani

Adaptation web: Mérande Gutfreund