Quelques jours après le drame, il est encore trop tôt pour connaître les causes de l'accident du car belge qui a fait 28 morts dont 22 enfants mardi soir dans un tunnel à Sierre. Les rescapés ont été entendus, mais aucun élément fourni n'a permis d'avoir des certitudes. En l'état actuel, le procureur ne peut qu'écarter certaines hypothèses.
LE CHAUFFEUR A-T-IL ÉTÉ DISTRAIT?
Le procureur valaisan Olivier Elsig ne peut pour l'heure pas confirmer que le chauffeur du bus a été distrait par un enfant ou un adulte avant l'accident. Un plan de la position des personnes décédées à l'avant du car a été établi, mais il n'amène aucun élément supplémentaire.
Plusieurs enfants ont déclaré qu'un film allait être projeté juste avant le drame et que les écrans étaient déployés. Le fait qu'un professeur a quitté sa place pour aller remettre un DVD au chauffeur n'a pas pu être confirmé. On ignore aussi où se trouvait le copilote.
LE CHAUFFEUR N'A PAS EU DE MALAISE
L'autopsie réalisée sur le corps du chauffeur décédé dans l'accident n'a pas révélé de trace d'alcool et n'a pas permis d'étayer l'hypothèse d'un malaise. Le décès du chauffeur est en principe dû à un traumatisme, aucune pathologie préexistante ou élément particulier ne permet d'étayer l'hypothèse d'un malaise. On en saura plus dans les semaines qui viennent. D'autres analyses vont être pratiquées vu le caractère exceptionnel de l'accident.
La thèse de la lassitude physique semble peu probable étant donné que l'accident s'est produit une heure à peine après le départ. Le chauffeur et son remplaçant étaient arrivés en Suisse la veille du départ pour la Belgique.
LES CHAUFFEURS ÉTAIENT ÉXPERIMENTÉS
Les deux chauffeurs, âgés de 34 et 53 ans, étaient employés depuis respectivement 8 et 7 ans dans une société de transport. L'homme de 34 ans, qui était conducteur, contrôleur et dispatcheur, était considéré comme un homme très compétent, a expliqué la porte-parole de De Lijn, société de transport public pour laquelle il travaillait en plus de ses heures avec la compagnie TopTours.
LE VÉHICULE ÉTAIT EN BON ÉTAT
Des spécialistes ont été mandatés pour expertiser le car et déterminer s'il a eu un problème technique, mais les résultats ne sont pas encore connus. Le car était toutefois apparemment en bon état et l'éclatement d'un pneu semble improbable.
La chaussée ne présentait aucune anomalie. Inauguré en 1999, le tunnel n'était pas en travaux et répond aux normes légales suisses. Long de 2,5 kilomètres, il voit défiler 15'000 véhicules par jour. L'ouvrage compte deux galeries à deux voies dépourvues de bande d'urgence. La vitesse y est limitée à 100 km/h.
UNE VITESSE INFÉRIEURE A 100 KM/H
Les disques tachygraphiques sont en cours d'expertise. Jusqu'à présent, les autorités s'étaient limitées à déclarer qu'il n'y avait apparemment pas d'excès de vitesse. L'analyse des disques permettra de déterminer avec précision la vitesse, mais d'après les données visibles, elle était inférieure à la vitesse autorisée, de 100 km/h. Des géomètres sont à l'oeuvre pour décrire avec précision la vitesse et la trajectoire du véhicule.
PAS DE CHOC PRÉALABLE
Selon les traces de pneus et les traces sur le mur du tunnel, il apparaît que le car a touché la paroi de droite, puis s'est légèrement dévié sur la gauche avant de s'encastrer dans le mur de la niche à droite.
Sur la base des enregistrements vidéo, le procureur a tordu le cou à une autre hypothèse: les images excluent des chocs préalables sur le côté gauche du tunnel, ainsi que l'implication d'un véhicule tiers.
DEUX HYPOTHÈSES SUBSISTENT
En définitive, deux hypothèses demeurent: une cause technique liée à une défectuosité du véhicule ou une cause humaine consécutive à une erreur ou une inattention. Le Ministère public ne privilégiera aucune de ces hypothèses jusqu'à ce que les résultats de l'expertise technique soient connus.
Les enquêteurs suisses vont se rendre en Belgique, probablement dans une semaine, pour interroger les enfants une nouvelle fois. Une personne spécialisée dans les auditions d'enfants sera du voyage.
agences/bri