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Après Daillon, le rôle des tuteurs professionnels est remis en question

01 06 daillon [Laurent Gillieron]
L'auteur du drame de Daillon a été interrogé jeudi soir par les enquêteurs. - [Laurent Gillieron]
Alors que le tuteur de l'auteur de la tuerie de Daillon (VS) n'a pas vu venir le drame, le rôle des tuteurs professionnels est désormais exposé à la critique, relate le journal dominical Der Sonntag.

Le rôle du tuteur du tireur de Daillon (VS) se trouve sur la sellette après la tuerie qui a coûté la vie à trois femmes mercredi dernier. Or, c'est un tuteur professionnel, employé à 100% de la commune de Conthey, qui s'en occupait depuis 2005 et qui n'a rien vu venir, rapporte Der Sonntag.

"Il n'est pas possible de constater qui est en possession d'une arme ou pas", a déclaré au journal dominical Christophe Germanier, président de la commune de Conthey. Ce dernier n'a pas voulu préciser le nombre de tutelles dont s'occupe l'employé communal en question et ne veut pas l'accabler.

Suivi de 80 à 100 cas

Or, ce nombre est en général important: un tuteur s'occupe en général de 80 à 100 cas, a expliqué Diana Wider, secrétaire générale de la Conférence des cantons en matière de protection des mineurs et des adultes (COPMA).

Cela signifie qu'il n'a que trois à cinq entretiens par année avec la personne sous tutelle. "Souvent, cela ne suffit que pour parler des problèmes financiers ou sociaux, mais pas d'éclaircir si la personne possède des armes", a-t-elle souligné.

"Beaucoup d'autorités et de bureaux spécialisés ne sont que trop peu sensibilisés aujourd'hui à la violence potentielle des armes chez leurs clients", relève Josef Sachs, chef de clinique de psychiatrie forensique.

La possession d'armes

La question de la possession d'armes est souvent oubliée. Il existe pourtant des signes pour évaluer le potentiel de dangerosité. "Si des personnes souffrant de troubles psychiques expriment des menaces ou collectionnent des armes et des munitions, ce sont des signes alarmants; leur entourage devrait alors agir et confisquer les armes", a souligné Josef Sachs.

La Suisse compte environ 95'000 personnes interdites de port d'armes, selon la SonntagsZeitung qui se base sur les chiffres de la banque de données Armada. La banque de données gérée par l'Office fédéral de la police (OFP) comprend à la fois les interdictions prononcées par l'armée, 71'250, et celles visant les civils, 23'731, dont le tireur de Daillon.

Celui qui s'occupe de personnes perturbées sur le plan psychique devra être encore plus attentif à l'avenir.

sipa/aduc

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Rappel des faits

L'auteur de la tuerie de Daillon (VS) est un Valaisan de 33 ans sans emploi, au bénéfice d'une rente invalidité et placé sous tutelle. Le drame a fait trois morts, trois femmes, et trois blessés, dont le tireur touché par la police.

Il a été interrogé jeudi soir par les enquêteurs. L'homme dit suivre un traitement psychiatrique et soutient avoir voulu régler par son geste un problème familial de longue date.

Mercredi soir, le tireur a fait feu avec au minimum deux armes à feu et tiré plusieurs dizaines de coups. Il était en possession de plusieurs armes, notamment deux mousquetons, un fusil de chasse à grenaille, une carabine à plomb, un pistolet "air soft" et un pistolet d'alarme. Il détenait également plusieurs dizaines de cartouches, des bandes de chargement pour mitrailleuse, des poignards et des baïonnettes.

Le portrait de l'auteur de la tuerie de Daillon

Le meilleur ami du forcené de Daillon dresse un portrait de l'homme, qu'il connaît depuis 15 ans et explique la descente aux enfers de son ami dans Le Matin Dimanche.

Avant sa maladie, le tireur était "un chic type, sociable, serviable et un amoureux de la nature", selon son ami. Il avoue que c'est un "militariste patriote, mais qu'il n'était pas un guerrier et encore moins violent."

L'homme de 33 ans s'était lancé dans un carrière militaire et a toujours détenu de nombreuses armes chez lui. Mais à l'âge de 25 ans, il commence à avoir tenir des propos irrationnels et des hallucinations à répétition, se souvient son ami. Il commence alors à se marginaliser.

Il s'avère alors qu'il souffre d'une maladie mentale, qui lui vaut la rente invalidité. Sur la demande de sa famille inquiète, il est interné un à deux mois dans l'Hôpital psychiatrique de Malévoz, séjour qu'il vit très mal.

En 2006, il est déclaré inapte au service militaire et est exclu de l'armée. Il semblerait que ce soit une sentence terrible, car "pour lui, c'était l'armée ou rien du tout", déclare son ami.

Ce dernier ne comprend toujours pas ce qui a pu passer par la tête du tireur, qui se sentait très seul.