Des experts italiens mandatés par la famille de Luca Mongelli, découvert inconscient dans la neige à Veysonnaz (VS) en février 2002, excluent une agression du chien. Ils ne fournissent en revanche pas d'explication définitive sur ce qui s'est passé.
Les experts italiens ont analysé l'affaire sur la base du dossier fourni par la famille. Ils ont présenté leurs conclusions mardi lors d'une conférence de presse à Sion. Leur rapport est mis à la disposition de la justice suisse, ont-ils déclaré.
Pas de traces de morsures
Le médecin légiste Roberto Testi a exclu une agression du chien. Un chien mord au cou et à la tête, il y aurait eu des traces de morsures et de lacérations sur le corps de Luca, a précisé Roberto Testi. Or les lésions sont superficielles et très modestes.
Ce point de vue rejoint celui donné par le directeur du Centre universitaire romand de médecine légale de Lausanne Patrice Mangin il y a une année. Il avait renoncé à parler d'attaque lors d'une conférence de presse du ministère public valaisan. Il avait évoqué une "interaction excessive et non maîtrisée" avec le chien, qualifiant les blessures de superficielles et peu graves.
Roberto Testi a estimé que le chien a pu, avec ses pattes, provoquer les lésions constatées sur le corps de Luca. Il n'a pas exclu que le chien ait voulu venir en aide à l'enfant ou qu'il ait pu jouer avec lui.
L'objectif des experts italien est de contribuer à la découverte de la vérité, a précisé Luciano Garofano, responsable du département des investigations scientifiques de la police de Parme (I). Il voit le travail effectué dans un sens de collaboration et estime que de nouvelles analyses pourraient ouvrir de nouvelle pistes.
La science a évolué depuis le drame et Luciano Garofano espère que de nouvelles analyses puissent être menées en particulier sur les habits de Luca. La découverte de ce qui a provoqué les déchirures pourrait faire avancer l'affaire.
Intervention de tiers pas exclue
Pour Luciano Garofano, l'hypothèse d'une agression par des tiers devrait être à nouveau explorée notamment avec une réévaluation de tous les témoignages de l'époque. L'intervention de tiers n'a jamais été exclue, avait indiqué le ministère public valaisan en janvier 2012, mais elle n'a pas pu être prouvée.
Le comportement du frère de Luca après le drame contribue également, selon les experts italien, à exclure une agression du chien. Selon les dires de la mère, l'enfant aurait passé tout son temps avec le chien. Cet attachement n'est pas compatible avec une attitude agressive du chien, ont précisé les psychologues Cinzia Gimelli et Melania Lugli.
La justice valaisanne attend de son côté le rapport de quatre experts mandatés pour analyser un dessin réalisé par le frère de Luca trois ans après les faits. Il montre la présence d'autres individus sur les lieux du drame. Le ministère public valaisan informera la presse prochainement, a-t-il fait savoir mardi.
Une demande d'entraide judiciaire a aussi été déposée par l'Italie auprès de la justice suisse. Les éléments du dossier qui seront transmis à la justice italienne doivent être déterminés dans le cadre du traitement de la demande. Les experts italiens mandatés par la famille Mongelli ont précisé qu'il n'ont pas travaillé sur la base d'un dossier fourni par la justice suisse.
ats/vkiss
L'agression: rappel des faits
Agé de 7 ans, le petit Luca avait été retrouvé partiellement dévêtu, gisant dans la neige en état d'hypothermie à Veysonnaz (VS) le 7 février 2002. Il était en promenade avec son frère de trois ans son cadet et un berger allemand de six mois. Suite au drame, Luca est resté tétraplégique et aveugle. Il vit actuellement en Italie avec sa famille.
Deux ans après l'agression, en mars 2004, l'instruction avait conclu à la culpabilité du chien et classé l'affaire. L'an passé la famille a demandé la réouverture du dossier sur la base d'un dessin réalisé à l'école en 2005 par le frère de Luca. Le croquis montre Luca en train de se faire frapper par d'autres enfants.
Des experts doivent analyser cette nouvelle pièce versée au dossier. La famille du petit Luca a aussi récemment demandé le dessaisissement du procureur valaisan Nicolas Dubuis, qui n'a jusqu'ici jamais dévié de ses conclusions initiales incriminant le chien.
En décembre 2012, on apprenait que la justice italienne avait été saisie par les proches de Luca. Dans ce cadre, une procédure d'entraide judiciaire a été demandée par l'Italie auprès de la justice helvétique.