Pendant des dizaines d'années, la Lonza a directement rejeté du mercure dans le canal d’évacuation des eaux usées de son usine de Viège. Le mercure s’est accumulé dans les sédiments du canal qui ont été largement utilisés comme engrais ou remblai dans toute la région. Aujourd'hui, l'éparpillement des sédiments contaminés rend leur localisation extrêmement difficile. Les teneurs en mercure peuvent changer radicalement à quelques mètres de distance.
Certaines analyses menées par les experts de la Lonza dans les jardins de zones habitées ont été contredites par l'association des médecins en faveurs de l’environnement. Les analyses complémentaires menées par cette association, toujours au front des cas de pollutions industrielles, ont pu démontrer que les taux en mercure pouvaient être jusqu'à 100 fois plus élevés que ceux mesurés par la Lonza dans un des jardins concernés.
Elles ont également mis en évidence une centaines de produits chimiques dans le canal, substances que le canton n’avait pas décelées. C’est dans ce contexte que l'Etat du Valais lance sa propre campagne d'analyse.
Batailles juridiques en vue
Après avoir longtemps nié le problème, la Lonza reconnaît aujourd'hui être à la source de la pollution au mercure, mais pas responsable de son étendue. L’entreprise chimique a toutefois consenti à préfinancer les analyses avant d’établir les responsabilités, processus juridique qui risque de prendre plusieurs années.
Qui a autorisé à prélever les sédiments déposés le long des 11 kilomètres du canal pour les utiliser comme engrais ou remblai ? Qui savait qu'ils étaient dangereusement contaminés ? Où ont-ils été répandus ? Y a-t-il eu des mises en gardes ? Pour répondre à ces questions une étude historique est en cours. Le canton du Valais, mais aussi la Lonza y participent.
Depuis un an, une historienne engagée par l’entreprise compulse les archives communales, cantonales et fédérales. Si la Lonza parvient à prouver qu'elle avait déconseillé le prélèvement des sédiments aux habitants ou aux autorités, elle se battra pour obtenir le remboursement d'une partie des frais engagés et le canton risquera de passer à la caisse.
Jean-Daniel Bohnenblust
Propriétaires inquiets et lésés
Du côté des propriétaires de terrains touchés, les craintes sont d’ordre sanitaire et surtout financier.
Déclarés contaminés, les terrains dépassant le seuil légal de 2 milligramme de mercure par kilo de terre seront assainis.
Selon la Lonza, assainir revient à ramener la pollution en dessous de la valeur limite, pas à libérer entièrement les sols du mercure qu'il contiennent.
En dessous du seuil d’assainissement, les terrains sont déclarés pollués et inscrits au cadastre officiel des sites pollués.
Dans ce cas, il n’y a pas d’obligation d’assainissement et les propriétaires devront eux-mêmes saisir la justice pour obtenir réparation, leurs terrains risquant de perdre de la valeur.
Des discussions réunissant tous les acteurs concernés ont actuellement lieu mais les accords ne seront pas faciles à trouver, tant les divergences sont grandes.