Le prix de l'électricité ne cesse de dégringoler sur le marché européen, faisant fondre les recettes de collectivités publiques qui, tout comme les géants Alpiq ou Axpo, possèdent des participations dans les aménagements hydro-électriques.
Sion pouvait compter il y a encore trois ou quatre ans sur des revenus annuels de 10 millions de francs issus de l'or bleu. Mais le budget de la capitale valaisanne table aujourd'hui sur des rentrées proches de zéro, voire sur des pertes. Or ce manque à gagner représente près de la moitié du montant des investissements annuels.
Sion a misé sur d'autres recettes
Ce n'est cependant pas suffisant pour mettre la ville dans le rouge. "Aujourd'hui, on trouve d'autres solutions pour compenser ces recettes qui ne sont plus là", explique son président Marcel Maurer. "On a dynamisé cette ville, on a la chance d'avoir aujourd'hui toute la recherche sur l'énergie de l'EPFL à Sion, ça créée une dynamique économique. Sur les douze derniers mois, il y a eu 500 arrivants, donc il y a de nouvelles contributions des personnes physiques et morales." Pour Marcel Maurer, il ne faut pas se plaindre de ce qui s'est passé mais il faut que la Suisse prenne conscience qu'elle ne doit pas perdre ce patrimoine hydraulique.
La capitale s'en sort donc plutôt bien, malgré ces pertes. Mais d'autres communes sont moins bien loties. A Sierre, les montants manquants sont similaires - de l'ordre de 9 millions par an. En revanche les conséquences sont plus lourdes, puisque la somme représente plus de 10% du budget contre 5% seulement à Sion.
Sierre n'avait pas anticipé les problèmes
"Ca nous met en difficulté, parce que nous avons passé maintenant dans les chiffres rouges et il est très difficile de compenser un pareil manque à gagner", explique le président de Sierre François Genoud. "Nous avons fait un gros effort pour comprimer nos dépenses de fonctionnement en interne, mais ce n'est pas suffisant. Et pour les exercices qui viennent, il faudra vivre avec des comptes déficitaires. On n'avait pas anticipé ces problèmes, parce que personne ne se doutait que le marché de l'électricité européen allait s'effondrer comme il l'a fait. Et il faut aussi garder l'espoir que la situation se redresse".
Bitsch, bourgade haut-valaisanne de 900 âmes, compte aussi sur un redressement de la situation car elle tirait jusqu'ici près de 40% de ses recettes de ses droits d'eau. Sans amélioration d'ici quelques années, une hausse d'impôts voire - à plus long terme - une baisse des prestations devront être envisagées.
La manne des retours de concessions en péril
Le moment du retour des concessions, soit la renégociation des contrats entre les communes et les partenaires électriciens auxquels elles ont concédé les droits d'eau, approche. Une manne financière importante en était espérée, mais aujourd'hui la situation est incertaine.
"Ce retour des concessions était vu par beaucoup comme une opportunité économique et énergétique très intéressante", rappelle Damien Métrailler, président de l'association des communes concédantes. "Maintenant, la question qu'il faudra se poser est de savoir si cela reste une opportunité intéressante pour les collectivités publiques ou est-ce que - pour des raisons économiques et de rentabilité - il faudra y renoncer", poursuit-il.
Le rachat des parts d'Alpiq à l'étude
Dans l'immédiat, indépendamment du renouvellement futur ou non de ces contrats, le Valais réfléchit à la création d'un consortium visant à fédérer les nombreux distributeurs et les producteurs d'électricité du canton. Objectif: se profiler pour racheter une partie des parts dans les barrages que le géant Alpiq a récemment annoncé vendre et sauvegarder ainsi son patrimoine hydraulique dans l'espoir de jours meilleurs.
Marie Giovanola/oang