Intitulé "A quoi servent les injures? Entre sexisme et homophobie. Sensibilisation à différentes formes de discriminations", l'atelier était destiné aux élèves de 2e année. Il devait avoir lieu le 7 avril dernier au Lycée-Collège des Creusets à Sion. Pourtant commandé par la médiation de l'établissement scolaire, il a finalement été annulé par le recteur.
La décision suscite la polémique dans et autour des Creusets, d'autant qu'une quarantaine d'élèves s'étaient préinscrits selon les chiffres indiqués par Johanne Guex, coordinatrice du projet Prévention du rejet des minorités sexuelles (PREMIS) pour le compte de Promotion Santé Valais, qui avait monté cet atelier. Ce dernier était ainsi le quatrième le plus coché sur les 12 proposés par cette école dans le cadre des journées de la santé.
Parler des discriminations au sens large
Officiellement, le recteur Benjamin Roduit - par ailleurs vice-président du Parti démocrate-chrétien du Valais romand - a justifié cette annulation par le fait qu'il entendait que soit traitée la problématique des discriminations au sens large et non pas uniquement la question de l'homophobie et du sexisme. Il considère que l'homophobie n'est pas suffisamment marquée aux Creusets pour que ce sujet soit développé spécifiquement.
L'homosexualité jugée amorale aux Creusets?
Mais tout le monde n'a pas la même version que lui. Au cours d'une enquête de plusieurs jours auprès de nombreuses personnes, la RTS a appris que le recteur voyait plutôt cet atelier comme une sorte de promotion en faveur de l'homosexualité. Or aux Creusets, collège classé très catholique, elle est considérée comme amorale.
Il n'était pourtant pas question de sexualité mais d'homophobie, très présente chez les jeunes - y compris au sein de l'établissement sédunois. Taux de suicide, dépression… Elle fait des ravages et "c’était l’occasion rêvée d’en parler", confie Johanne Guex.
>> Le débat entre Oskar Freysinger, chef du département valaisan de la Formation et de la Sécurité, et Caroline Dayer, docteure et enseignante-chercheuse à la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation à l'Université de Genève, spécialiste universitaire des questions de discriminations, dans Forum:
C'est un mensonge, inventé par une personne qui a essayé de tricher sur l'étiquette et de s'insérer dans les cours à travers un soi-disant projet pilote. Quand on s'est aperçu de cela, elle a été frustrée parce que l'on a dit stop, ça n'est pas ce qui avait été décidé (...) Les psychologues ont besoin de malades pour pouvoir exister... plus ils créent de problèmes, plus ils auront de travail.
Dans n’importe quel établissement scolaire, il y a des personnes homosexuelles et de l'homophobie (…) Décider d'annuler cet atelier, c'est une décision homophobe institutionnelle.
Yves Terrani/oang
D'autres ateliers déjà rejetés l'an dernier en Valais
L'association Les Indociles, qui a pour but de lutter contre les différentes formes de discrimination, avait proposé des ateliers l'an dernier aux trois collèges valaisans.
Elle envisageait la projection de courts-métrages, des témoignages et des discussions autour des questions de l’homosexualité et de l’homophobie dans le canton.
Mais son projet a été rejeté par le Département de la formation, au motif que le canton traite avec des intervenants agréés.
Les Creusets avaient tout de même accepté deux ateliers des Indociles en 2015, en marge de la Gay Pride de Sion.