Le mythe du chalet à la montagne serait destructeur pour les Alpes

Il faut renoncer au chalet isolé à la montagne pour préserver les Alpes, postule une doctorante de l'EPFL dans sa thèse. A ses yeux, seule une densification des villes de montagne évitera le déclin des stations hivernales.

Dans une thèse de doctorat qu'elle soutiendra prochainement, Fiona Pià veut tordre le cou au mythe du chalet isolé à la montagne qui fait rêver les amoureux de la nature. Pour elle, c'est lui qui est à l'origine de la majorité des problèmes que rencontrent actuellement les stations hivernales.

Interrogée mercredi dans le Journal du matin de la RTS, l'architecte à l'EPFL dénonce une conséquence méconnue de l'initiative Weber. A son avis, si le scrutin populaire a effectivement permis de développer une conscience collective de protection du paysage, le modèle Weber avec comme idéal à atteindre un chalet isolé près du Cervin a aussi provoqué la saturation actuelle de l'espace alpin.

Le chalet provoque un phagocytage qui est dangereux pour la nature

Fiona Pià

Fion Pià constate que les villes de montagne, comme Zermatt, Crans-Montana ou Verbier, s'étendent aujourd'hui tellement qu'elles arrivent à leurs limites de surface à construire. Mais stopper les constructions n'est pas la solution à ses yeux, il faut plutôt densifier pour éviter de coloniser d’autres territoires vierges.

Verbier Gif

"Infrastructure habitée"

Dans sa thèse intitulée "Urbaniser les Alpes suisses: stratégies de densification des villes en altitude", la doctorante présente un nouveau modèle urbain en montagne qu'elle a appelé "infrastructure habitée". Pour elle, il n'est pas question de construire de grands immeubles, mais il faut se débarrasser des chalets isolés en soignant la continuité des transports publics. Et il faut pour cela regrouper logements et infrastructures de transport.

Dans le cas de Verbier, Fiona Pià propose de construire cinq gares de télécabines sous la forme d'infrastructures pouvant atteindre 500 mètres de long, explique-t-elle dans une interview sur le site de l'EPFL. Ces gares d'un nouveau genre contiennent du logement, des espaces publics piétons, des équipements publics et des interfaces de transport.

Les cinq gares de télécabine qui pourraient être créées dans le projet de Fiona Pià. [Fiona Pià / EPFL]

Selon la chercheuse, cette infrastructure d'un nouveau genre améliorerait nettement la densité de Verbier et permettrait d'y ajouter 250'000 m2 construits au 963'000 m2 actuels sans s'étaler sur le territoire alpin. Et le transport pourrait s'effectuer sans utiliser la voiture privée, ce qui serait aussi bénéfique pour l'environnement.