L'affaire empoisonne non seulement la vie des habitants concernés dans la région de Viège, mais aussi les relations entre le préposé et le gouvernement. La décision du Conseil d'Etat - qui refuse de rendre public le document concernant la pollution chimique dans le Haut-Valais et refuse que cette décision soit communiquée - est scandaleuse, estime Sébastien Fanti.
En 2014, l'émission Temps Présent de la RTS avait demandé à pouvoir consulter ce document de 2011 détaillant les problèmes liés au mercure. Elle avait alors essuyé un premier refus du Service valaisan de protection de l'environnement.
Saisi du dossier, le préposé à la protection des données et à la transparence avait estimé à l'époque que l'intérêt public était prépondérant et avait recommandé la transmission du rapport.
Ordre de ne pas communiquer
Après un nouveau refus, Sébastien Fanti s'est ensuite tourné vers le Conseil d'Etat, selon les informations de la RTS. Non seulement le gouvernement lui a adressé une fin de non-recevoir le 21 décembre dernier, mais il lui a intimé également l'ordre de ne pas communiquer à ce sujet.
Contacté par la RTS, le préposé confirme qu'il a déposé un recours début février auprès de la justice cantonale. Il précise attendre impatiemment un verdict qui aura selon lui "un impact important pour les personnes qui vivent sur ces terrains pollués".
Transparence imposée par un accord international
"Comment justifier que les propriétaires de parcelles contaminées obtiennent des renseignements dans cette affaire alors que les locataires sont laissés dans l'ombre?" poursuit-il. D'autant que la Suisse a signé une convention internationale qui stipule que ces données environnementales doivent être publiées.
Sébastien Fanti vient également d'interpeller le Grand Conseil valaisan, en dénonçant dans son rapport annuel des faits qui constituent selon lui une entrave à son indépendance. Il y affirme que le bien-fondé de sa démarche s'appuie sur l'avis de deux professeurs universitaires et que le préposé fédéral suppléant a également été informé.
Le conseiller d'Etat Jacques Melly, en charge du dossier, explique que la publication du document risquerait de compliquer l’établissement des responsabilités et que la divulgation de la décision a été interdite, car elle contient des éléments du dossier.
Marie Giovanola/oang
Réactions politiques immédiates
A trois jours du premier tour des élections valaisannes, l'affaire a pris immédiatement une tournure politique.
Premier à réagir, l'UDC évoque des "cachotteries préélectorales inacceptables" et fustige le ministre PDC en charge du dossier, Jacques Melly.
Le PLR, lui, se demande ce que l'on cache aux Valaisans. La présidente du PS Barbara Lanthemann, contactée par la RTS, parle d'un manque de transparence du gouvernement qui sème le doute.
Le président du PDC n'était pas joignable jeudi après-midi.