L'affaire remonte au printemps 2016, quand Interalp Bau, qui compte une centaine d'employés et des chantiers sur toutes les routes du canton dont l'autoroute A9, se retrouve impliqué dans une affaire de corruption de fonctionnaires concernant les chantiers de la route du Simplon.
Mis en cause par l'enquête du Ministère public de la Confédération, son patron, Antonio M., a passé 40 jours de prison préventive. Dans la foulée, l'entreprise avait annoncé son licenciement. Mais il a en fait gardé son poste, comme l'atteste le registre du commerce.
Cadeaux pas jugés problématiques
"Antonio M. ne conteste pas avoir offert du vin et des spécialités italiennes à des fonctionnaires de l'Office fédéral des routes. Toutefois, ces cadeaux ne sont pas liés à la nature et au volume des commandes reçues par le consortium", a réagi son avocat.
Mais dans une fiche de la police italienne, on peut lire à côté du nom d'Antonio M.: "association de type mafieux, port abusif et détention d’armes". Le procureur de la région de Calabre Antonio de Bernardo précise qu'"Antonio M. n'a pas été officiellement accusé", mais son nom apparaît dans plusieurs enquêtes de la justice italienne.
"Contact de la Ndrangetha dans la région"
Le patron d'Interalp figure notamment dans la vaste enquête anti-mafia "Nouveau pouvoir", une enquête judiciaire de 500 pages sur des réseaux mafieux dans toute l'Europe. Pour la journaliste spécialisée dans les affaires de mafia Cecilia Anesi, "le document montre les liens entre Antonio M. et des membres de la mafia. Il est mentionné comme le contact de la Ndrangetha, la mafia calabraise, dans la région".
A noter que la semaine dernière, Interalp a été racheté par le groupe Volken, l'un des employeurs les plus importants du Valais. Et à en croire son avocat, Antonio M. n'exercera plus de fonction dirigeante.
François Ruchti