Le quadruple grillage du centre LMC (loi sur les mesures de contrainte) de Granges, dans lequel une équipe du 19h30 de la RTS a pu tourner, fait penser à une prison. Pourtant, le bâtiment abrite uniquement des migrants qui doivent être renvoyés de Suisse.
"Il y a des gens qui n'ont rien fait dans leur vie, ils n'ont pas de problème, et ils sont enfermés ici depuis des mois. Leur crime, c'est qu'ils n'ont pas de papiers", lancent des détenus depuis leur cour de promenade, interpellant également les députés de la commission de justice venus visiter le centre.
Pétition
Pour être entendus, des détenus ont adressé il y a un an une pétition au Parlement. Ils y dénonçaient promiscuité, manque d'activité et insalubrité des locaux. Réels ou non, ces griefs ont abouti à la rédaction de plusieurs rapports. Tous dénoncent des conditions de détention contraires au respect de la dignité humaine.
La polémique a encore enflé après qu'un détenu a bouté le feu à sa cellule en avril dernier, mais la situation au centre LMC de Granges avait déjà inquiété Amnesty international Valais, et même la commission nationale de prévention de la torture en 2012. Le problème sera abordé la semaine prochaine par les députés valaisans.
Dans l'intervalle, des mesures ont été prises pour réaménager les cellules et améliorer l'intimité, par exemple dans les toilettes.
Mais pour Pascal Schmid, assistant social à la Croix-Rouge qui visite les détenus tous les mardis, ces améliorations ne règlent pas le problème de fond. "Il y a des gens qui veulent faire avancer la cause, mais je ne ressens pas une volonté politique", estime-t-il.
"Améliorations possibles"
"Ce qui me choque le plus, c'est l'exiguïté de la cour de promenade. La promenade en devient punitive ! (...) Il y a des améliorations possibles par rapport aux droits humains", déclarait Madeline Heiniger, présidente de la commission de justice lors de sa visite au centre.
Mais pour Frédéric Favre, chef du Département valaisan de la sécurité, des institutions et des sports, "aujourd’hui, il faut faire avec les infrastructures que l'on a, on ne peut pas inventer de l’espace supplémentaire. Il y a eu des aménagements et encore des projets pour le futur".
Des projets d’ateliers d’occupation ainsi qu'une réflexion sur l’utilisation de bracelets électroniques sont notamment en cours.
Claudine Gaillard Torrent/jvia