Ces députés s'inquiètent des herbicides épandus sur le sol du vignoble valaisan en trop grande quantité et sans respect des distances légales ainsi que des hélicoptères sulfatant trop près de zones écologiques sensibles ou d'habitations lors de traitements par fongicides.
S'appuyant sur une enquête de 2013 de l'association alémanique Vision Landwirtschaft et sur une étude de 2017 de l'Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l’eau, le député vert Emmanuel Revaz estime qu'il s'agit d'un problème de santé publique, comme le mercure.
"On a un problème un peu semblable avec une pollution qui est sous-estimée, dont les effets sont beaucoup plus insidieux et touche potentiellement beaucoup plus de personnes", explique le biologiste à l'origine de cette intervention cosignée par des élus PDC.
Intensification des contrôles
Le canton du Valais relève que ce postulat arrive comme la grêle après la vendange, puisqu'un plan d'action cantonal, découlant d'une démarche nationale, a été élaboré pour réduire ces produits phytosanitaires. Il est actuellement en consultation auprès de la branche.
Mais sur le terrain, les contrôles effectués l'an dernier ont montré un non-respect récurrent des distances de sécurité ou des zones tampons. "Force est de constater que nombreuses distances de sécurité, par rapport à d'autres surfaces ou à des biotopes terrestres, ne sont pas respectées", admet Stéphane Emery, collaborateur scientifique au Service cantonal valaisan de l'agriculture.
Le canton, qui a jusqu'ici préféré la sensibilisation, "de manière peut-être un peu naïve" avoue-t-on aujourd'hui, entend intensifier les contrôles. Des retenues sur les paiements directs ou l'exclusion de ces paiements en cas de récidive sont prévues pour sanctionner les contrevenants.
Vignerons déjà sensibilisés
Si le directeur de la Chambre valaisanne d'agriculture, Pierre-Yves Felley, met en avant des erreurs dans l'étude alémanique de 2013, il concède que des améliorations sont possibles. "Tout ce qui permet de diminuer l'utilisation d'un produit phytosanitaire est tout à fait dans la volonté de la profession."
A noter qu'une motion demandant l'interdiction totale de l'usage des néonicotinoïdes, ces insecticides impliqués dans le déclin des pollinisateurs, les abeilles en particulier, sera traitée vendredi par le Grand Conseil.
>> Lire à ce sujet : Un nombre inhabituel d'abeilles tuées par des insecticides en 2017
Marie Giovanola/lgr
"Je fais un parallèle avec le mercure parce qu'on reproche aujourd'hui l'attitude de nos prédecesseurs de ne pas avoir pris suffisamment le problème au sérieux puis finalement aujourd'hui je pense qu'on a un problème un peu semblable avec une pollution qui est sous-estimée dont les effets sont beaucoup plus insideux que les effets dûs au mercure et touche potentiellement beaucoup plus de personnes."
"Force est de constater que nombreuses distances de sécurité par rapport à d'autres surfaces notamment ou à des biotopes terrestres ne sont pas respectées tant au niveau des traitements exécutés à même le sol que pour les traitements faits par voie aérienne."
"Je pense que ce sujet est particulièrement sensible en Valais aussi dû à la structure agricole. On a un vignoble qui énormément morcelé, des petites parcelles à faible degré de mécanisation, encore un mélange de vignerons "professionnels" avec des vignerons du samedi, ce qui ralentit probablement le changement et puis le passage à une agriculture peut-être plus durable. Pour atteindre les objectifs, ça nécessitera une transformation assez en profondeur du vignoble."
"Ca y a pas de doutes qu'il y a des corrections qui peuvent et qui doivent être apportées, elles sont d'ailleurs régulièrement apportées. Les vignerons eux-mêmes ont mis en place un projet, vitisol, qui cherche à gérer le sol en Valais différemment qu'en utilisant des herbicides. Tout ce qui permet de diminuer l'utilisation d'un produit phytosanitaire est tout à fait dans la volonté de la profession, ça diminue les coûts, c'est comme nos médicaments si on peut s'en passer on est mieux, malheureusement la pression de la maladie est telle que l'on peut pas du jour au lendemain dire on change mais les vignerons depuis quarante ans ne font que ça avec la production intégrée la pression sur l'environnement et sur l'humain est bien plus faible aujourd'hui qu'elle a été."