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Les taxes de Donald Trump inquiètent l'industrie de l'aluminium en Valais

Dans l'usine d'aluminium Constellium à Sierre, en février 2013. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
La taxe sur l'aluminium décidée par Donald Trump a des conséquences en Valais / La Matinale / 3 min. / le 18 avril 2018
Les taxes sur l'aluminium décidées par Donald Trump ont aussi des répercussions en Suisse. Quatre grandes entreprises, dont deux en Valais, paient depuis un mois des taxes à l'importation de 10%, contre 3% auparavant.

L'ire de l'Union européenne et d'autres pays après la décision du président américain d'imposer des taxes à l'importation sur l'aluminium au début du mois de mars avait fait couler beaucoup d'encre. Mais la Suisse n'est pas épargnée.

En Valais, les inquiétudes sont fortes. Le canton est le plus important fournisseur d'aluminium du pays. Deux géants mondiaux du secteur, Constellium et Novelis, y emploient quelque 1300 collaborateurs dans la région de Sierre.

Sur les 230'000 tonnes d'aluminium transformées annuellement en Suisse, seules 5000 tonnes partent vers les Etats-Unis. Malgré cette faible quantité, les effets des taxes à l'importation ne sont pas anodins, même si les montants en jeu ne sont pas dévoilés.

Le but de Donald Trump était de se prémunir contre les importations à bas prix venues de Chine, mais pas forcément des produits de niche

Christophe Darbellay, conseiller d'Etat valaisan

"Cela a des conséquences car les produits exportés vers les Etats-Unis sont à haute valeur ajoutée", explique le directeur de Constellium à Sierre. "Cela impacte aussi nos futurs développements. Et surtout, cela nous rend moins compétitifs face à d'autres acteurs du marché, plus spécialement les Européens", ajoute Lionel Thomas.

Pression du Valais sur la Confédération

Face à cette situation, un important lobbying s'est mis en marche. Marcel Menet, directeur de l'Association suisse de l'aluminium, est en contact avec les milieux économiques et politiques à Berne pour débloquer la crise.

Les craintes du Valais ont également été relayées sur le plan fédéral par les services du conseiller d'Etat chargé de l'Economie Christophe Darbellay, qui affirme être intervenu auprès d'Economiesuisse et auprès du Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO).

"Le but de Donald Trump était de se prémunir contre les importations à bas prix venues de Chine, mais pas forcément des produits de niche, qui n'ont pas beaucoup d'influence sur le marché global de l'aluminium aux Etats-Unis", argumente le ministre, qui imagine la possibilité de demander à Washington des exemptions par produit.

Le dossier est désormais entre les mains des autorités fédérales, confirme le SECO. Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann a écrit le 19 mars au représentant américain du Commerce pour demander que la Suisse soit exemptée de ces droits de douane.

Crainte de mesures de protection européennes

La problématique a en outre été abordée dans plusieurs interventions de l'ambassade de Suisse aux Etats-Unis. L'ambassadeur américain en Suisse a également été personnellement informé de la position helvétique.

Une séance entre le SECO, l'association faîtière de l'aluminium, Economiesuisse et Swissmem, l’association qui regroupe les PME et les grandes entreprises de l’industrie des machines, est d'ailleurs prévue vendredi à Berne.

Mais l'industrie suisse de l'aluminium ne craint pas que la pression américaine. Dans la foulée des mesures de protection décidées par Donald Trump, l'Union européenne a en effet annoncé qu'elle réfléchissait elle aussi à d'éventuelles mesures, qui pourraient concerner la Suisse.

Marie Giovanola/Camille Degott/dk

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