Cent millions pour "les premiers nouveaux Jeux d'hiver"? Les citoyens valaisans se rendent aux urnes le 10 juin pour approuver ou non l'octroi d'un crédit d'engagement de 100 millions de francs pour Sion 2026. Un montant maximal accepté le 9 mars par le Grand Conseil valaisan.
Ce financement du canton du Valais s'articule en deux parties: le subventionnement des infrastructures durables construites pour les Jeux olympiques (JO) pour 60 millions de francs, et la prise en charge des frais de sécurité publique pour 40 millions.
Le montant global des investissements liés aux infrastructures s'élèverait à 100 millions de francs, la Confédération y participant à hauteur de 30%. Les 70 millions restants seraient donc à la charge des cantons hébergeant des épreuves des JO, dont 60 millions pour le Valais.
Quant aux coûts de la sécurité publique, ils sont estimés à 303 millions de francs. La Confédération entend prendre à sa charge 129 millions de francs, laissant les "cantons sites" couvrir les 174 millions restants, dont 40 millions pour le Valais.
"Un grand nombre d'opportunités pour le Valais"
Le Conseil d'Etat valaisan soutient ce crédit d'engagement, "convaincu que l'organisation de Jeux olympiques en Valais offrira un grand nombre d'opportunités et de retombées positives pour (le) canton". Il souligne le rôle fédérateur que peut jouer un tel événement et l'impact positif en terme d'image pour le Valais et la Suisse en général.
Coprésidé notamment par l'ancien champion de ski Pirmin Zurbriggen, le comité de soutien à Sion 2026 fait valoir les retombées des Jeux, dont "les infrastructures pérennes" et les nuitées générées durant la manifestation, estimées entre 1,5 et 2,4 millions, selon une étude commandée par Swiss Olympic.
Les JO créeront par ailleurs 6000 places de travail en sept ans, dont une grande partie en Valais, selon le camp du oui. "Nous avons besoin de ces perspectives, de ce moteur qui servira à maintenir et à développer l'emploi", a déclaré début mai Serge Métrailler, président du PDC du Valais romand.
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Le PLR valaisan, le PDC du Valais romand et du Haut-Valais, les chrétiens-sociaux haut-valaisans et l'UDC du Haut-Valais se sont prononcés en faveur de ces JO présentés comme durables et raisonnables.
"Un projet mal ficelé"
De leur côté, les opposants ne croient pas à ce renouveau. Ils dénoncent un projet "mal ficelé", qui coûterait plus cher que les évaluations annoncées. Avec le risque que les contribuables valaisans paient alors que le Comité international olympique (CIO) "encaisse".
"Les études montrent très clairement que, systématiquement, les promoteurs des Jeux olympiques font miroiter la création de milliers d'emplois, mais la réalité montre l'absence d'un impact économique positif majeur", déclare Jean-Pascal Fournier, président des Verts valaisans.
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Le camp du non dénonce également l'argument de la durabilité. Les JO n'ont aucune vocation à préserver la nature et le paysage, estime le comité "Non aux JO", qui juge par ailleurs que le CIO constitue un partenaire à l'image écornée.
Le Parti socialiste du Haut, le PS du Valais romand, les Verts, le Rassemblement citoyen valaisan et l'UDC du Valais romand s'opposent à ce projet. Le peuple valaisan leur donnera-t-il raison? Selon un sondage de l'institut Sotomo réalisé mi-mai, 58% des Valaisans rejettent le crédit d'engagement.
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Tamara Muncanovic