"Le peuple n’a pas vu ce qu’il avait à gagner dans un projet surtout perçu comme à l’avantage d’élites politiques et économiques", tranche La Liberté. Et avec presque 54% des voix, la sentence est claire: la république alpine ne veut pas d'un événement avec une telle incertitude souligne le Tages-Anzeiger.
"Trop de bruit (politique), trop d'inconvénients, trop d'incertitudes. Le "non" valaisan est le résultat simple d'un calcul coût-bénéfices", explique la Neue Zürcher Zeitung. Les résultats des différentes communes valaisannes suivent la ligne du porte-monnaie, ajoute la Tribune de Genève. Les contribuables valaisans ont craint de devoir passer à la caisse à la fin des comptes, "reportant aux calendes grecques d’autres investissements nécessaires", analyse de son côté le Journal du Jura.
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"Communication frelatée"
Avec ce "non", c'est aussi la seconde fois, après le vote sur la Constituante que le Valais désavoue ses leaders et va à l’encontre de la majorité politique. "Une claque", affirme Le Nouvelliste. Le Courrier espère que la classe politique prenne "enfin la mesure d’un Valais ouvert et durable que beaucoup appellent de leurs voeux".
24 heures tire aussi sur la "communication frelatée portée par certaines personnalités liées au comité d’organisation". Et de lister Christian Constantin et son baril en feu au sommet du Cervin ou encore Jean-Philippe Rochat englué dans les "Panama papers". Le Valais ne veut plus de l'image d'un canton dirigé par les promoteurs devenus des personnages clivants, complète Le Nouvelliste.
L'image du CIO
L'image du Comité international olympique (CIO), entachée par des affaires de dopage et de corruption, n'a pas aidé le projet non plus, relève la presse."Une démocratie fonctionnelle ne pardonne pas l'auto-suffisance", écrit, cinglante, la NZZ. Les promesses du CIO, qui a "fait mariner son agenda 2020 avec un peu de durabilité", n'étaient pas suffisantes, résume le Tages-Anzeiger.
Le CIO a perdu toute crédibilité. Non seulement en Valais, mais aussi dans la plupart des autres démocraties, conclut le Walliser Bote, qui regrette toutefois l'issue du scrutin: le Haut-Valais est la seule des trois régions du canton à avoir appuyé le projet.
Quel projet valaisan?
"Bien sûr, les JO "brutalement enterrés hier sont apparus aux yeux de la population comme un vieux truc sorti du chapeau 'pour faire bouger le canton'", analyse Le Temps. Mais ils "auraient eu le mérite de relancer l’investissement et de donner un coup de projecteur salutaire sur la région".
En refusant les Jeux, les Valaisans donnent un signal: "Ils souhaitent que l’Etat investisse dans des projets qui leur soient plus utiles", selon La Liberté.
Le Valais doit maintenant trouver un grand projet fédérateur, après ce vote qui a divisé les chaumières, "un projet ambitieux en adéquation avec les valeurs qu’il porte aujourd'hui", souligne 24 heures.
ats/pym
"L'industrie du tourisme doit peut-être reprendre sa place"
Dans La Matinale de la RTS, le sociologue Gabriel Bender rappelle l'évolution du tourisme dans le canton. "Le Valais a commencé par le tourisme d'été, puis il y a eu le tourisme de climatérisme, puis dans les années 50, il y a eu le tourisme industriel, qu'on a d'ailleurs appelé 'l'industrie des étrangers'. Ce tourisme-là doit peut-être reprendre sa place, et qu'on organise quelque chose autour des villes."
Le sociologue estime "absurde" d'aller en été "griller" au bord de la mer et d'aller "geler" en hiver à la montagne. Et de plaider pour un retour au "flux historique" du tourisme, en utilisant les Alpes et leur air frais en été, et d'utiliser les bénéfices du bord de mer en hiver. Gabriel Bender propose d'organiser le tourisme "à partir des villes" et de leurs richesses gastronomiques ou culturelles.
Un extrait de l'interview de Gabriel Bender dans La Matinale