Rien que du côté de Lonza, le nombre d'emplois créés à Viège ces prochaines années est estimé à 800. Pour satisfaire la demande de l'un des plus gros employeurs du canton, la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) Valais met sur pied une orientation entièrement en allemand.
Pourtant, les liens étroits avec l'industrie sont-ils vraiment sains? François Seppey, directeur de l'antenne valaisanne de la Haute école spécialisée, rappelle que son école veut former des jeunes qui trouvent un emploi et non des chômeurs: "Nous devons être en contact avec le monde industriel, avec le monde économique et faire en sorte que les formations que nous offrons répondent à ces besoins et aux besoins futurs." Et le directeur de rappeler l'importance de l'industrie chimique en Valais et l'importance pour le site valaisan de s'adapter au tissu économique local: "Nous travaillons avec l'industrie chimique et le tourisme, alors que nos collègues de la HE-ARC travaillent eux avec l'industrie horlogère."
Un risque de dépendance faible
Pour Gaëtan Cherix, directeur de la Haute Ecole d'ingéniérie qui dispense cette nouvelle filière en allemand, le risque de dépendance vis-à-vis de Lonza est mesuré: "Nous avons aussi pris cette décision parce que Lonza investit, mais ce ne sont pas les seuls. Un peu partout en Suisse, de gros industriels commencent à investir dans des productions biotechnologiques. Si une, voire deux de ces entreprises devaient désinvestir, il y aurait tout de même de l'emploi pour les jeunes que l'on va former."
"Comprendre et anticiper les tendances du marché"
Dans La Matinale de la RTS, la rectrice de la HES-SO Luciana Vaccaro souligne les efforts de son institution pour adapter les formations aux demandes des entreprises. Rappelant que 94% des étudiants sortant de la HES-SO trouvent un travail dans l'année qui suit la fin de leur formation, Luciana Vaccaro insiste sur l'importance de maintenir une posture critique malgré le partenariat avec les entreprises: "On ne peut pas développer quelque chose de spécifique pour une entreprise. (...) Par contre, on doit comprendre et anticiper les tendances du marché pour nourrir notre marché local. Nous n'avons pas adopté une posture de servitude face aux entreprises parce qu'elles ne nous financent pas directement."
Et pour répondre aux questions philosophiques que posent ces liens entre le monde académique et l'économie, la HES-SO Valais va engager un éthicien. Sa mission principale sera toutefois de conseiller les professionnels de la santé et les chercheurs.
Marie Giovanola/ebz