En mai, la Haut-Valaisanne a été condamnée au civil à rembourser plus de 250'000 francs perçus en trop à une société du groupe Alpiq. La conseillère nationale et sa soeur ont encaissé des sommes trop élevées de leur locataire entre 2006 et 2015 pour plusieurs ateliers d'électricité, a rapporté mercredi le Walliser Bote,
Selon le quotidien haut-valaisan, Viola Amherd affirme que le contrat de bail de 7000 francs mensuels, qui avait été signé par sa famille en 1985, n'a jamais changé. De l'autre, Alpiq dit qu'il y avait un nouveau contrat. Lequel baissait le loyer à 4300 francs par mois. Le numéro un de l'électricité en Suisse l'a prouvé au tribunal en exhibant des contrats signés de la main de Viola Amherd.
Contrats valables, selon la justice
Dans son jugement, le tribunal a estimé que les nouveaux contrats étaient bel et bien valables et qu'ils réglaient les rapports entre les deux parties. La conseillère nationale brigoise le conteste, évoquant de simples pourparlers contractuels sans réelle valeur juridique.
Pendant huit ans, la société aura donc continué à régler un loyer trop élevé. En proie à l'époque à de grands changements dans son organisation, elle a omis de modifier l'ordre permanent destiné à l'hoirie Amherd. Quand elle s'en est aperçue, en 2015 seulement, elle a réclamé le montant versé en trop, soit 250'000 francs. Et les sœurs Amherd ont refusé de payer.
Une incidence sur les ambitions d'Amherd?
Cette décision de justice va-t-elle sonner le glas des ambitions de Viola Amherd pour le Conseil fédéral? Dans les colonnes du Walliser Bote, la Haut-Valaisanne, qui n'a pas déclaré officiellement briguer la succession de Doris Leuthard, estime qu'un litige de ce type ne devrait pas avoir d'incidences sur son parcours politique.
Viola Amherd a indiqué à la RTS que la procédure en question est une procédure civile et non pénale, et ne va pas influencer son éventuelle candidature. La conseillère nationale s'étonne aussi que cette condamnation, prononcée en mai, et que son recours déposé en juin auprès du Tribunal cantonal, soient rendus publics au moment où elle s'interroge sur une candidature pour le Conseil fédéral.
La société alémanique InTech, du groupe Bouygues Construction, et qui a racheté en juillet à Alpiq les activités de service et d'ingénierie concernées par cette affaire de loyers dans le Haut-Valais, elle ne souhaite pas commenter une affaire en cours.
Yves Terrani
«Une affaire négative, mais pas rédhibitoire»
A Berne, la majorité des élus fédéraux refuse pour l'instant de tirer à boulets rouges sur Viola Amherd. Certains élus propriétaires avouent avoir déjà eu, eux aussi, des problèmes avec leurs locataires. Sous la coupole, la candidature de la Haut-Valaisanne au Conseil fédéral n'est donc pas remise en question.
Quelques interrogations se posent tout de même, les voix les plus critiques venant des rangs de l'UDC. Le Bernois Manfred Bühler affirme que si Viola Amherd se lance dans la course au Conseil fédéral, il l'interrogera lors des auditions devant les partis sur cette question et "y sera particulièrement attentif". Le fait qu'une société électrique en mains publiques, Alpiq, ait potentiellement perdu de l'argent dans l'affaire est jugé problématique.
Par ailleurs, un élu PDC estime que l'affaire est négative pour une candidature, mais pas rédhibitoire. Du moins pas tant qu'une volonté de tromper ou d'enrichissement n'a pas été établie. Ces avis et ces nuances se retrouvent aussi dans les rangs socialistes. Pour l'ancien président du parti démocrate-chrétien Christophe Darbellay, les choses sont claires: "il ne s'agit pas d'un problème majeur (…) Viola Amherd reste la candidature PDC féminine la plus crédible."
Thibaut Schaller