Les professionnels du parascolaire ont assuré lundi de 10h00 à 16h00 un piquet de grève devant l'Etablissement intercommunal de l'accueil parascolaire primaire (EIAP) à Pully. D'autres actions ont été organisées ailleurs dans le canton, dans une quarantaine de structures selon les organisateurs.
Au total, entre 200 et 300 personnes se sont rassemblées au plus fort de la journée, principalement des éducateurs et éducatrices de l'enfance. Les parents étaient invités à venir chercher leurs enfants plus tôt mais un service minimum était assuré.
Les professionnels dénoncent les nouvelles règles d'encadrement des enfants en dehors de l'école décidées par l'EIAP, qui doivent entrer en vigueur le 1er janvier prochain.
Le nouveau cadre prévoit davantage d'enfants par éducateur et une part plus importante de personnel auxiliaire à certains moments de la journée, dans le but de créer de nouvelles places d'accueil.
"Impossible de faire du dépistage quand on a trop d'enfants"
Estelle Gerber, éducatrice en garderie depuis une dizaine d'années, a fait le déplacement lundi pour "soutenir ses collègues" du secteur parascolaire. Elle s'inquiète de l'augmentation prévue de la taille des groupes d'enfants supervisés par les professionnels.
"Notre première mission est de faire du dépistage, et c'est impossible quand on a trop d'enfants", a-t-elle expliqué à la RTS, affirmant que sa propre fille âgée de 9 ans lui avait déjà fait part d'éducateurs "qui n'arrivent pas à suivre".
Pour Estelle Gerber, le fait que davantage de personnel non formé puisse être sollicité va à l'encontre de l'intérêt des enfants. "Il y a des choses qu'on ne peut pas savoir sans aller à l'école, il faut des années d'expérience et être formé pour ça."
Des petites communes tiennent aux nouvelles règles
Du côté des communes, surtout périurbaines et rurales, le nouveau cadre est applaudi. La présidente de l'Association des communes vaudoises Josephine Byrne Garelli a souligné lundi matin sur la Première qu'il constituait une condition sine qua non pour créer plus de places d'accueil.
Les organisateurs de la mobilisation répondent ne pas être opposés à un cadre prévoyant des dérogations pour les petites communes.
"On comprend bien qu'il faut ouvrir des places, il y a un manque cruel de places dans le canton", a admis lundi Maria Pedrosa, responsable du groupe Enfance du Syndicat des services publics (SSP), interrogée lors du piquet de grève.
"La dérogation est une bonne solution pour impulser l'ouverture de nouvelles places, mais l'idée est qu'ensuite, lorsque ces places deviennent pérennes, elles soient prises en charge par du personnel formé pour que (...) le fait d'engager des auxiliaires ne devienne pas la norme", a-t-elle développé.
Les négociations piétinent
Sur le fond, les négociations sont au point mort à ce stade. Les protestataires ont posé deux conditions à l'EIAP: que le nouveau cadre de référence n'entre pas en vigueur dans un mois -ce qui est pour l'heure toujours prévu-, et que de "vraies" négociations soient ouvertes.
L'EIAP a fait un premier pas en proposant une rencontre le 11 décembre prochain mais les professionnels du secteur souhaitent avoir la garantie d'un "cadre sûr de négociation" avant de décider d'y répondre.
Dans leur dernier communiqué, ils annonçaient un nouveau préavis de grève reconductible et une nouvelle manifestation pour début janvier.
Pauline Turuban