Devant le Tribunal de police, les deux femmes âgées de 21 et 22 ans ont reconnu les faits qui leur sont reprochés. "On ne peut pas faire uniquement de la résistance passive", a plaidé Elisa Keller, l'une des prévenues, déléguée de l’association 269life Libération Animale Suisse. "Cela fait 20 ans que le mouvement distribue des tracts, met sur pied des manifestations autorisées et il n'y a pas d'avancée pour les animaux".
En mars dernier, les activistes ont ainsi pénétré durant la nuit dans l'enceinte des abattoirs de Rolle, pris des photos et emporté 18 cabris afin de leur éviter d'être abattus. L'organisation affirme que les animaux mènent aujourd'hui une vie heureuse dans des familles d'accueil, à l'exception d'un cabri décédé d'une pneumonie contractée, selon les militants, avant même leur opération "d'exfiltration".
Aucun regret
Interrogées par l'avocat de l'éleveur de ces cabris , lequel a déposé plainte, le duo n'exprime aucun regret. "Nous sommes obligés de braver la loi pour venir en aide à des individus en détresse qui vont mourir", a argumenté la seconde prévenue.
Un point de vue qui a hérissé le poil du conseil de la partie adverse. "Nous ne vivons pas sur la même planète mentale", s'est-il exclamé. "Ici, les spécistes sont les méchants, les cabris sont les victimes et les auteurs de ces actes également des victimes. Tout va à vau-l'eau".
Et de demander à la Cour d'être plus sévère que le procureur en qualifiant les actes des deux femmes de vol en bande, et non d'appropriation illégitime, et en renonçant au sursis. Dans son ordonnance, le procureur a en effet requis pour chacune des prévenues 60 jours-amende à trente francs avec un sursis de deux ans ainsi que la prise en charge des frais de procédure.
Autres affaires
A noter qu'Elisa Keller est aussi prévenue dans deux autres affaires. La première concerne l'occupation d'un abattoir à Vich (VD) mais la plainte a été retirée, l'autre sa participation à une manifestation contre un projet d'abattoir à Aubonne en mars 2018.
Après cette manifestation, une trentaine de participants avaient été emmenés au centre de police à Lausanne. Elisa Keller y a, selon elle, refusé une fouille à nu et aurait alors été enfermée pendant deux heures dans des toilettes où des policiers seraient venus se moquer d'elle. Elle aurait au total été détenue sept heures.
"C'était humiliant", a-t-elle lâché devant la Cour. Une plainte pénale a été déposée contre la police et le commandant aurait demandé une enquête.
ats/jzim