Commandé au printemps dernier par la direction municipale de la Sécurité, et publié mercredi par la Ville de Lausanne, le document de 27 pages est une étude comparative avec les politiques menées dans les villes de Berne et de Zurich. Il ne s'agit pas d'une évaluation, mais d'une analyse basée sur des interviews de différents responsables des trois villes.
Valse-hésitation décisionnelle
Dans leurs conclusions, Pierre Esseiva, directeur adjoint de l'Ecole des sciences criminelles (ESC), Christine Burkhart, doctorante à l'ESC, et Frank Zobel, directeur adjoint d'Addiction suisse, relèvent que Lausanne hésite entre une certaine tolérance vis-à-vis d'une consommation canalisée de drogue (micro-deals) et une réaction prompte contre tout dérapage, par exemple l'appropriation de l'espace public par des trafiquants.
Il faut que la situation se dégrade vraiment, que les réactions de la population augmentent, que les médias s'y intéressent pour que des mesures urgentes soient annoncées, constatent ces spécialistes.
La police bien seule au front
Et ces mesures passent par des plans d'action revus et corrigés pour la police, corps auquel il est à l'évidence le plus facile de donner des ordres. L'étude montre pourtant à plusieurs reprises les difficultés pour la police de se retrouver en pointe et isolée sur ce dossier.
Elle déplore également que les efforts de la chaîne pénale "restent dans des schémas répressifs traditionnels (...) sans intégrer franchement et de manière équilibrée les autres acteurs dans une approche plus transversale".
Manque de souplesse et de pragmatisme
La coordination entre les différents acteurs "semble beaucoup plus développée à Berne et Zurich tant au niveau formel qu'informel", constatent encore les chercheurs. Si l'on se montre souple et pragmatique côté alémanique, Lausanne se distingue aussi par "une certaine rigidité, une tendance top-down (de haut en bas)" et une action chacun pour soi, en silo.
ats/oang
Traumatismes fondateurs des politiques bernoise et zurichoise
Après les "traumatismes" des scènes ouvertes (Platzspitz, Letten, Kocherpark), les deux villes alémaniques ont mis en place des structures visant à éviter tout retour du phénomène. Pour y parvenir, elles sont parties du constat qu'il fallait réunir toutes les forces et les faire collaborer de manière efficace et structurée.
Et aujourd'hui, le deal de rue n'est plus un problème majeur à Berne comme à Zurich. Des réunions régulières permettent aux différents services de travailler ensemble et de veiller au grain contre la résurgence d'une scène ouverte.