L'affaire est sortie en décembre, mais la dénonciation pénale intervient à six jours du premier tour de l'élection complémentaire au Conseil d'Etat. Elle a été envoyée lundi soir par recommandé et par courriel au procureur général, a indiqué Samuel Thétaz, l'un de ses auteurs, confirmant une information de "24 heures".
L'avocat, qui se dit lui-même de sensibilité de droite sans être membre d'un parti, ne défend aucun intérêt personnel. Il n'est pas proche de l'UDC, dont le candidat Pascal Dessauges est le principal adversaire de Rebecca Ruiz dans la course au Conseil d'Etat.
Infractions
"A notre avis, les faits révélés dans les médias sont constitutifs d'infractions. Nous avons été surpris de voir que personne ne les a dénoncés au Parquet. Et que le Parquet n'a pas ouvert une enquête," a remarqué Samuel Thétaz, qui a envoyé la dénonciation en compagnie de Jean-Charles Cardinaux, un retraité, et de l'avocat Olivier Klunge.
A leurs yeux, l'engagement de Rebecca Ruiz comme enseignante au sein de l'Etablissement secondaire de Cossonay-Penthalaz – alors que la criminologue effectuait en fait une étude sur la violence et le harcèlement à l'école – constitue un faux dans les titres. Il s'agirait aussi de gestion déloyale des intérêts publics.
Me Thétaz dénonce une affaire de "copinage" et s'interroge sur le fait qu'une "conseillère d'Etat socialiste ait embauché quelqu'un de son parti et que ce contrat ait pris fin peu après l'élection de Mme Ruiz au Conseil national". Les dénonciateurs souhaitent être reconnus comme partie plaignante, pour avoir accès au dossier. Et pour pouvoir recourir, en cas de classement ou non entrée en matière.
Explications données
Rebecca Ruiz s'est déjà expliquée à plusieurs reprises sur ce contrat. Elle a travaillé comme criminologue, ce qui est conforme à sa formation, pour le Département de la formation dès 2010. Ce contrat de durée déterminée a été renouvelé à quatre reprises, le maximum admis administrativement.
Pour terminer son travail de recherche, elle a été engagée de 2013 à 2014 avec un contrat d'enseignante. Elle avait signalé à l'époque que le libellé ne correspondait pas au contenu de sa mission. On lui a expliqué qu'il s'agissait d'une pratique administrative qui concernait aussi d'autres collaborateurs.
Dans un communiqué lundi soir, la conseillère nationale et le Parti socialiste vaudois soulignent que cette dénonciation est "totalement infondée quant aux faits et en droit". Ils jugent "exécrable cette tentative mesquine de détournement de l'appareil judiciaire" de la part d'"individus qui n'ont manifestement pas envie d'un débat de fond sur l'avenir du canton".
ats/sjaq
Une campagne inhabituellement violente
Pour le politologue René Knüsel, interrogé dans le cadre de l'émission Forum le mercredi 13 mars, la campagne qui bat son plein dans le canton de Vaud reste inhabituellement violente. "Ces dernières années, cela ne s'était pas produit (...) cela contrastait avec d'autres cantons comme le Valais, Neuchâtel ou encore Genève.
Cette violence s'est notamment traduite par des lettres anonymes d'insultes adressées à la socialiste Rebecca Ruiz ainsi qu'à Jessica Jacoud, présidente du PS vaudois. Des attaques qui s'en prennent à la fois au genre et à l'origine des destinataires.
Pour René Knüsel, cette situation reste déconcertante, à un moment où le politologue estime "normal" qu'on puisse avoir une majorité de femmes au Conseil d'Etat et plus encore, que les "secondos", présents en Suisse depuis deux ou trois générations, commencent à obtenir certains postes de pouvoir