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Une centaine de locataires croisent le fer avec leur propriétaire

Mis à la porte en raison de travaux de rénovation, des dizaines de locataires lausannois ont choisi de se battre.
Mis à la porte en raison de travaux de rénovation, des dizaines de locataires lausannois ont choisi de se battre. / 19h30 / 2 min. / le 8 avril 2019
Priés de quitter leur appartement en raison de travaux de rénovation, une centaine d'habitants de deux immeubles de Lausanne ont choisi de croiser le fer avec leur propriétaire, une fondation d'investissement du Crédit Suisse. Ils s'opposent à la résiliation de leurs baux, notifiée par courrier en octobre 2018.

Les deux immeubles qui résistent sont situés à moins de 200 mètres l'un de l'autre dans le quartier de la Borde, à Lausanne: l'un se trouve au 4 de l'avenue du Parc-de-la-Rouveraie et l'autre au 26 de la route Aloys-Fauquez.

Réunis en assemblée générale jeudi dernier, en compagnie de leur avocat, les locataires concernés ont voté en faveur de la recherche d'une solution négociée avec le Crédit Suisse Anlagestiftung Real Estate Switzerland – leur propriétaire – et la régie chargée de le représenter, la société Wincasa. Une séance de conciliation réunira les deux parties jeudi 11 avril.

Résiliation de tous les baux

Mécanicien proche de la retraite, Alain Joly se souvient parfaitement de cette journée du 17 octobre 2018. La résiliation de son bail lui a été notifiée par courrier: "J'ouvre la lettre de la régie qui nous explique brièvement que des travaux seront effectués dans l'appartement. Et quand je tourne la page, je découvre que notre bail s'arrêtera au 31 janvier 2019".

Un délai supplémentaire a été accordé aux locataires acceptant de quitter leur logement au plus tard en février 2020. Une centaine des 247 bailleurs concernés s'y refusent, estimant pouvoir vivre avec les travaux.

Mais la régie n'est pas de cet avis: "La sécurité et la santé des locataires pendant les travaux ne peuvent être intégralement garanties qu'en cas de résiliation", fait savoir Sébastien Troutot, Directeur régional gérance ouest à Wincasa, dans un e-mail à la RTS.

Certains loyers pourront doubler

Dans les deux immeubles bientôt rénovés vivent depuis des années de nombreux retraités et des familles de la classe moyenne: ils bénéficient souvent de loyers inférieurs à 1500 francs, même pour un 100m2.

Ces biens seront remis sur le marché avec des prix revus à la hausse, une fois les travaux terminés: "Si le loyer se calcule au mètre carré, il est possible que certains doublent", explique Renaud Jaccard, juriste à l'Asloca. "Si le loyer n'a pas été modifié depuis très longtemps – et qu'il est donc par conséquent très bas – il est tout à fait possible qu'il augmente de 100%".

Des subventions pour l'efficience énergétique

Pour le propriétaire d'un bâtiment, cela peut représenter un avantage certain, surtout lorsque l'efficience énergétique du bâtiment est améliorée. Il peut dans ce cas prétendre à des subventions dans le cadre du Programme Bâtiments qui encourage les travaux d'isolation et favorise la production d'énergie renouvelable.

Dans le canton de Vaud, le nombre de subventions accordées a presque doublé en cinq ans, passant de 1050 en 2014 à 1800 en 2018, selon des données transmises à la RTS par la Direction générale de l'environnement.

Et le défi est important: selon les statistiques de l'OFS, en Suisse, 63% du parc immobilier date d'avant 1980. Une époque où les préoccupations environnementales ne figuraient pas à l'agenda.

Claude-Olivier Volluz/sjaq

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