Le dossier continue de s'épaissir dans l'affaire qui voit s'affronter notamment le roi de l'immobilier Bernard Nicod et l'entrepreneur à succès Avni Orllati. Et cette fois, Jacqueline de Quattro s'y voit mêlée.
Une plainte pénale a été déposée il y a quelques semaines à l'encontre de la conseillère d'Etat Jacqueline de Quattro et de son bras droit, le secrétaire général du Département du territoire et de l'environnement (DTE); une plainte pour violation du secret de fonction, déposée par l'un des protagonistes déjà cités dans l'affaire.
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"Aucun commentaire"
La conseillère d'Etat et le haut fonctionnaire n'étaient pas encore au courant de cette plainte pénale, jeudi. Ils n'ont pas souhaité réagir à nos informations. Leur avocat, François Roux, a répondu par écrit à la RTS:
"Ils ne feront aucun commentaire sur cette plainte dont ils n'ont pas connaissance. En tout état de cause, et en l'absence de toute communication du Ministère public aux parties à ce sujet, force est de constater qu'à ce jour, aucune enquête pénale n'a été ouverte et qu'aucune suite n'a été donnée à cette plainte."
La plainte pour violation du secret de fonction concerne un rapport adressé par le secrétaire général du DTE au Ministère public vaudois. Dans ce document, adressé à la demande du procureur, le haut fonctionnaire rapportait des propos tenus en séance selon lui par des protagonistes à l'encontre de l'entreprise Orllati : "organisation de type mafieux", disposant "d'un vaste réseau d'influence politico-économique". "Ils savent manier la caisse en bois" aurait même déclaré l'un des personnes impliquées dans cette imbroglio. Ce rapport a donné lieu à plusieurs plaintes pour calomnie.
Une affaire qui tombe mal
Du point de vue judiciaire, rien ne dit que Jacqueline de Quattro sera sérieusement inquiétée. Mais pour la conseillère d'Etat, cette plainte pénale dirigée contre elle tombe mal. La libérale-radicale est déjà engagée en justice à propos d'un livre à charge sur son action politique, rédigé par le journaliste Fabien Dunand.
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A six mois des élections fédérales, où la conseillère d'Etat veut briguer un siège au Conseil national, Jacqueline de Quattro doit éteindre plusieurs incendies.
Cette dernière plainte pour violation du secret de fonction est désormais entre les mains de la justice. Le Ministère public vaudois devra déterminer si cette plainte mérite d'être instruite.
Patrick Le Fort/sjaq
Une saga à rebondissements
Cet épisode est le dernier d'une série de péripéties judiciaires qui a alimenté les médias depuis plusieurs années. A la source de cette affaire, qui démarre en 2016, il y a des allégations de pollution par le groupe Orllati sur son site de Bioley-Orjullaz. Bernard Nicod et d'autres entrepreneurs prennent contact avec Jacqueline de Quattro pour lui exposer leurs vues.
En parallèle, un corbeau adresse des lettres anonymes pour dénoncer la passivité et la complicité de la conseillère d'Etat dans cette affaire. On apprendra par la suite que le dénonciateur anonyme est un ancien rédacteur en chef de 24 Heures, Fabien Dunand.
Les analyses menées à Bioley-Orjullaz n'ayant pas confirmé la pollution volontaire par l'entreprise Orllati, l'enquête pénale est classée en 2017.
Depuis, des plaintes croisées pour diffamation et calomnie se multiplient. L'Etat de Vaud dénonce Fabien Dunand, tandis qu'Orllati attaque Bernard Nicod et un entrepreneur. La saga judiciaire connaît de multiples rebondissements, dont la double récusation, en janvier et en avril de cette année, du procureur Buffat chargé de l'affaire.