A l'origine, la couverture du livre du journaliste Fabien Dunand, appelé "Une conseillère d'Etat ne devrait pas dire ça", montrait une photo de Jacqueline de Quattro, assise à son bureau, le sourire aux lèvres et le regard tourné vers l'objectif avec son nom posé en sous-titre.
Aujourd'hui, la photo et le nom de la conseillère d'Etat n'apparaissent plus. Le fond est blanc et le titre est écrit en rouge avec un bandeau rappelant que le livre interdit est "enfin disponible". L'éditeur prend donc le parti d'exploiter le différend judiciaire qui l'a opposé à l'élue un mois et demi durant.
Tribunaux saisis
L'affaire avait fait grand bruit et cela devrait faciliter la vente de l'ouvrage. Jacqueline de Quattro estimait que son droit à l'image était piétiné par le livre et que cette couverture initiale laissait penser qu'elle avait participé à la rédaction du pamphlet. Une pratique inacceptable à ses yeux. Elle a donc saisi les tribunaux et la justice lui a donné raison le 26 mars dernier.
Des mesures provisionnelles ont alors été ordonnées et le livre interdit de parution. Mais Fabien Dunand, ex-rédacteur en chef de 24 Heures, et les éditions Attinger n'entendaient pas en rester là. Ils reviennent donc aujourd'hui avec une version polissée. Ce que l'auteur de l'ouvrage ne considère pas comme un désaveu.
"C'est plutôt une victoire parce que les mesures provisionnelles qui étaient demandées, c'était d'enlever la photo et le nom sur la page de couverture. Or, les mesures provisionnelles ont fait une telle publicité à cela qu'aujourd'hui tout le monde sait de quoi il s'agit. Ce qui est important, c'est que le public puisse se faire une idée par lui-même des faits contenus dans ce livre et qui semblent tant déranger madame de Quattro", explique Fabien Dunand mercredi dans Forum.
"Pourquoi a-t-il fallu attendre?"
La sortie du livre contesté met donc un terme à une saga de plusieurs semaines où les accusations de censure ont fusé. La nouvelle version est donc disponible et est conforme cette fois aux exigences de Jacqueline de Quattro.
"Jacqueline de Quattro est simplement contente de voir que son intervention a été entendue par les juges. Et puis monsieur Dunand et son éditeur ont finalement exécuté ce qu'on leur demandait et ce que la justice avait ordonné. La seule question qu'on peut se poser c'est de savoir pourquoi il a fallu attendre six semaines pour que cette nouvelle édition soit faite. Le contenu du bouquin n'a jamais été litigieux", déclare François Roux, l'avocat de Jacqueline de Quattro.
Après des semaines de polémiques, les lecteurs pourront donc se faire une idée du contenu de l'ouvrage. Un brûlot qui tombe mal pour la libérale-radicale à quelque six mois des élections fédérales où elle brigue un siège à la chambre basse.
Raphaël Leroy/gma