"Lever le pied alors qu'on roule en urgence, pour aider quelqu'un en besoin vital, c'est un non-sens", pour Christophe Studer, président de l'Association cantonale vaudoise des Ambulanciers et des techniciens Ambulanciers (ACVA). "Ça met une pression folle sur les intervenants. On n'est pas là pour penser à notre permis ou à la peine privative de liberté que l'on pourrait avoir, alors qu'on fait juste notre travail", ajoute-t-il.
Stress décuplé
Christophe Studer a cosigné un courrier adressé en avril à la Municipalité de Lausanne. L'Association des fonctionnaires de police de Lausanne (AFPL) et l'Association des sapeurs-pompiers professionnels s'associent à la démarche.
Dans la missive que s'est procurée la RTS, les urgentistes s'inquiètent du projet d'extension du nombre de zones limitées à 30 km/h dans la capitale vaudoise. Ils soulignent les conséquences pour les citoyens d'une augmentation des délais d'interventions; et le stress décuplé des secouristes, qui doivent de plus en plus souvent arbitrer entre nécessité d'agir vite, et crainte d'engager leur propre responsabilité pénale (lire encadré).
Coordination en cours
L'exemple lausannois illustre une problématique nationale. David Jaquet, président de l'Union syndicale des polices romandes (USPRO), annonce que les différents corps de métier concernés – ambulanciers, pompiers et policiers – sont en train de se coordonner pour faire entendre leur voix: "On va monter un catalogue de toutes les missions qui nous posent problème et remonter ce rapport: j'espère arriver jusqu'au Conseil national ou au Conseil des Etats", conclut-il.
Pascale Defrance/sjaq
Le feu bleu n’est pas un blanc-seing
En cas d’urgence vitale, la loi autorise les secouristes à dépasser les limitations de vitesse, à condition "d’observ(er) la prudence (imposée par) les circonstances" (Art 100 ch.4 LCR).
En cas d’accident ou de contrôle radar, le conducteur du véhicule devra prouver que l’urgence justifiait bien l’excès de vitesse commis. Depuis l’entrée en vigueur de "Via sicura" en janvier 2013, les plus grands excès de vitesse sont punis d'une peine privative de liberté d'un à quatre ans (Art 90 LCR).
Plusieurs condamnations d’agents en intervention ont déjà eu lieu (voir archives ci-dessous).