Le Conseil d'Etat vaudois a adopté une nouvelle version de sa Conception cantonale de l'énergie (CoCen), qui constitue le socle de la politique énergétique du canton, a expliqué lundi la conseillère d'Etat Jacqueline de Quattro. Cette vision "ambitieuse" découle de la stratégie énergétique de la Confédération et sera complétée, cet automne, par le plan "climat" vaudois, plus large.
"Nous estimons que cet effort est supportable et nécessaire. La population vaudoise a montré qu'elle voulait faire un virage énergétique en plébiscitant la stratégie 2050. Nous avons aussi des jeunes dans la rue qui réclament l'urgence climatique", explique la ministre de l'environnement dans Forum, lundi soir.
Cohésion partisane demandée
La conception en question comprend trois axes: la baisse de la consommation d'énergie - dans l'habitat, la mobilité ou encore l'industrie -, le développement des énergies renouvelables et l'adaptation des infrastructures aux nouveaux modes de production.
Pour y arriver, Jacqueline de Quattro appelle à l'adhésion de l'ensemble des partenaires et mise sur les incitations financières "qui donnent d'excellents résultats". "Les subventions, ce n'est pas très PLR, mais ce ne sera pas ad aeternam. Il s'agit de donner un coup de pouce pour que les comportements changent".
"Il ne faut pas toujours opposer économie et écologie. Ces défis énergétiques et ces changements issus de l'urgence climatique, c'est autant d'opportunités. Je suis convaincue que nous avons dans le canton de Vaud la possibilité, avec nos entreprises et nos hautes écoles, de trouver les technologies qui nous permettent de consommer différemment. Et finalement, ça crée des emplois, c'est très utile et apprécié par l'économie", affirme la conseillère d'Etat.
Une taxe plus élevée
Concrètement, le Conseil d'Etat propose de modifier la loi vaudoise sur l'énergie pour augmenter la taxe cantonale sur l'électricité. Celle-ci devrait plus que tripler et passer, dès 2020, de 0,18 à 0,60 ct/kWh. En cas de besoin, elle pourrait grimper jusqu'à 1 ct/kWh. Le Grand Conseil devrait en débattre à la rentrée.
La fourchette proposée est comparable à ce que pratiquent les cantons de Genève et du Tessin. Et elle est bien inférieure à la taxe de Bâle-Ville qui atteint presque les 6 ct/kWh.
Pour un ménage, une taxe augmentée à 0,6 ct/kWh coûtera 15 francs par an. Pour une PME, cela devrait représenter un millier de francs. "C'est supportable", a estimé Jacqueline de Quattro. Et d'ajouter dans Forum: "L'idée est proche du principe du pollueur-payeur: celui qui consommera le plus, paiera le plus, et l'économe paiera moins."
jfe avec ats
"Beaucoup à faire"
Le canton ambitionne de diviser par trois ses émissions directes de CO2: "Il reste beaucoup à faire", a relevé François Vuille, directeur de l'énergie. Les émissions n'ont reculé que de 8% depuis 1990.
Particuliers et entreprises sont invités à consommer l'énergie "intelligemment": en chauffant les logements à 20 degrés, en assainissant les bâtiments et installant des panneaux solaires ou en circulant à vélo, plutôt qu'en voiture. "Il s'agit de réduire le gaspillage. On ne touche pas à notre confort", selon François Vuille.
Les énergies renouvelables, qui couvraient 13% des besoins vaudois en 2015, devraient grimper à 50% en 2050. Le canton veut utiliser son potentiel: le solaire, le bois, la géothermie, les pompes à chaleur, l'hydraulique sans oublier l'éolien, même si les projets peinent à se concrétiser.
La transition énergétique ne sera "pas néfaste pour l'économie". Son coût devrait être inférieur de 22% au statu quo, ajoute François Vuille. Le nombre d'emplois pourrait même progresser de 57%, selon un calculateur énergétique développé par l'EPFL.